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La Porte du paradis

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/Dossier #11 - Western/

Quand on revoit La Porte du paradis aujourd'hui en pensant à la carrière sabordée de Michael Cimino, on est d'autant plus sidéré qu'on assiste au chant du cygne prématuré de l'un des plus grands cinéastes qui aient vécu, et sans doute au dernier véritable éclat du cinéma américain de studio à grand spectacle. Après l'échec public cuisant du film, on s'est empressé de fermer les portes à Cimino alors qu'il incarnait, dès ses débuts et grâce à cette œuvre en particulier, la quintessence même du cinéma américain. On connait l'histoire. Sous prétexte que son film fut un gouffre financier et causa la perte de la United Artists, Hollywood fit du cinéaste un cas de jurisprudence (comme l'a très bien analysé Jean-Baptiste Thoret), profitant de ce scandale financier pour peu à peu éjecter les artistes audacieux et visionnaires du système et réserver la place, toute la place, aux blockbusters commerciaux rentables à souhait. Sorti en 1980, Heaven's Gate a choisi sa date pour marquer un basculement total entre deux décennies, deux époques et deux âges des grands studios. Le Nouvel Hollywood, âge adulte du cinéma américain, céda ainsi le pas aux années Reagan et aux grosses machines destinées à un public du premier âge. Ainsi s'est clos l'un des derniers grands chapitres du cinéma hollywoodien, sinon le dernier…




Michael Cimino avait dépassé de beaucoup son budget et explosé tous les records de retard de tournage, mais pour accoucher d'une œuvre aussi démesurée que magistrale. Quel film hollywoodien justifie mieux les sommes et les efforts qu'il a coûtés, et d'une façon aussi noble, propre à élever l'âme de ses spectateurs et à les immerger complètement dans son mouvement lyrique virtuose ? On est aujourd'hui ému tant par la beauté du film que par la double mélancolie qu'il représente et suscite. Celle affichée par un James Averill (Kris Kristofferson) sorti d'Harvard pour affronter ses anciens camarades dans une guerre perdue d'avance, guerre des propriétaires capitalistes nantis contre une centaine d'éleveurs immigrés pauvres, et, plus globalement, guerre de la vertu, de la solidarité et de l'amour contre les forces inépuisables du pouvoir, de l'argent et de la tyrannie. Plus que désabusé dans la dernière scène du film, notre héros, vidé de ses dernières illusions et quittant un pays débarrassé de tous ses rêves en cette fin de XIXème siècle, trouve un écho tragique dans la destinée injuste et pathétique de Michael Cimino lui-même, génie sacrifié sur l'autel de la rentabilité et du profit.




Et génie n'est pas un faible mot. Comme devant la séquence d'ouverture de Voyage au bout de l'enfer, cette gigantesque scène de mariage sublimement orchestrée qui composait en fait toute la première partie du premier chef-d’œuvre de Michael Cimino, on est systématiquement emporté par la grâce extraordinaire que déploie le cinéaste dans les immenses scènes de foule et de mouvement qui scandent son second et dernier grand chef-d’œuvre. Dès l'introduction de La Porte du paradis, qui nous présente la consécration des étudiants de Harvard en 1870, ceux-là même qui seront les acteurs et ennemis d'une guerre civile mineure mais capitale dans l'histoire naissante des États-Unis, au cœur du Comté de Johnson (Wyoming) en 1890, Michael Cimino, plus ambitieux que jamais, fait preuve d'une maestria littéralement époustouflante.




La chose est célèbre mais ne cesse d'éblouir : cet art du mouvement déployé par le cinéaste dans des travellings aussi maîtrisés que gracieux, qui glissent sans qu'on s'en aperçoive et qui ont le parfum de la facilité, rappelle le génie de Max Ophüls, autant le manège de La Ronde que le bal de Madame de… ou le cirque de Lola Montes (et par conséquent les meilleurs chapitres de l’œuvre de l'un de ses héritiers revendiqués, Stanley Kubrick, autre utilisateur brillant du Beau Danube Bleu de Strauss dans une autre séquence de ballet circulaire harmonieux et gigantesque dans 2001 l'Odyssée de l'espace). Comme devant les grands films d'Ophüls, on éprouve devant le bal de la promotion de Harvard et devant celui du Comté de Johnson, moins guindé mais plus vibrionnant, avec sa danse en patins à roulettes sur les airs inoubliables d'un orchestre irlandais de violons, un plaisir esthétique quasi indicible, un bonheur de l’œil qui n'est pas totalement communicable dans la mesure où nos sens, avant toute analyse, sont immédiatement sollicités, et où nous nous retrouvons violemment émus et transportés par le mouvement de l'image, la beauté de ce mouvement, de la lumière, des corps et de la musique. Et ce brio, qui frappé aux deux premiers grands instants du récit, l'ouverture et le milieu de l’œuvre, resurgit lors de la bataille finale, la séquence du bal irlandais apparaissant comme une bulle de temps autonome et hors-norme au sein d'une destinée qui n'aura tenu aucune de ses promesses : la sortie d'école d'une élite politique ayant directement conduit à des jeux d'argent couronnés par un massacre atroce de civils innocents.




Mais le talent de Cimino ne tient pas que dans une mise en scène prodigieuse, il s'exprime aussi pleinement dans l'art du récit. C'est son talent, par exemple, de ne pas tout dire immédiatement, non pas dans une optique de rétention d'informations vouée à tromper le spectateur (comme dans ces films traitres qui dupent sans se poser de question), mais pour donner à ce dernier le sentiment de la vraie vie, des vraies gens qui ne se donnent jamais à lire tout de suite. C'est le personnage de Christopher Walken qui symbolise le mieux ce phénomène. Quand il fait son entrée, c'est un tueur froid que l'on est tenté de croire limité à ce rôle et promis à le rester, aussi notre surprise est-elle réelle quand le personnage s'étoffe et se densifie. Or si Cimino se veut serviteur de la complexité humaine, il ne nie pas ses possibles extrêmes.




On retrouve là son ambition d'embrasser tout le genre humain, à l'œuvre dans Voyage au bout de l'enfer. Ici les diplômés de Harvard se retrouvent en 1890 dans le Wyoming et de même que le combat qui les oppose est une allégorie de conflits moraux plus vastes, ils composent eux-mêmes une sorte de microcosme du genre humain, avec en premier chef le héros honnête et droit, venu défendre le Comté dont il est shérif (Kris Kristofferson), et sa nemesis, l'intellectuel cupide, stupide et assassin, président d'une association d'éleveurs ayant arbitrairement décidé autour d'un pot d'assassiner 125 immigrants accusés de vol de bétail (Sam Waterston). Entre les deux se trouve le personnage le plus passionnant du film, qu'on avait tort de trop vite prendre pour ce qu'il semblait, un tueur impassible sans pitié, cavalier sans nom et mercenaire à la solde des truands, et qui peu à peu se révèle un homme amoureux et pétri de doutes, instable et fragile, qui n'a d'autre certitude et d'autre ambition que son amour pour une femme et son désir de le partager sereinement, quitte à commettre quelques forfaits pour parvenir à ses fins (Christopher Walken). Celui-là, tiraillé, devra faire un choix. Son amour est voué à une putain au grand cœur, cruellement partagée entre deux hommes et deux destins (Isabelle Huppert). Reste l'impuissant ironique, celui qui ne choisit pas, l'inactif voué à tourner fou (John Hurt). Nous tenons peut-être là un précipité du genre humain toute entier.




Ces projections d'humanité nous rendent proche, indispensables même, des personnages riches et sublimes, tous portés par des acteurs admirables (il faut aussi saluer les excellents Jeff Bridges et Mickey Rourke), qui laissent aller leur talent dans des scènes parfaitement écrites et inoubliables (comme l'appel des 125 condamnés, ou l'offrande d'un chariot rutilant à une Isabelle Huppert à moitié nue et plus lumineuse que jamais). Avec un sens du romanesque exacerbé, Cimino compose ainsi une vaste épopée humaniste où la ronde des sentiments humains a autant si ce n'est plus d'importance que celle de leurs mouvements. Et pourtant quels mouvements, auréolés d'une lumière laiteuse opalescente signée par le remarquable Vilmos Zsigmond (on pense évidemment à L'homme sans frontière ou à McCabe & Mrs Miller, également éclairés par ce grand opérateur), qui vient sublimer des décors naturels extraordinaires et contribue à soumettre à notre admiration un spectacle romantique et tragique incroyable. Cimino, épris du désir de dénoncer la violence et les morts gratuites, représente éros et thanatos dans un même ballet, une danse majestueuse quoique de plus en plus macabre : les cercles euphoriques des étudiants autour de l'arbre centenaire à Harvard, puis les cercles dansants du bal qui fait tourner les amants et, à l'autre bout de la chaîne, les cercles meurtriers de la tuerie finale, donnent tous cet impressionnant mouvement circulaire, forme parfaite de l'inexorable, à l'ensemble d'un film monumental.


La Porte du paradis de Michael Cimino avec Kris Kristofferson, Christopher Walken, Isabelle Huppert, John Hurt, Sam Waterston, Jeff Bridges et Mickey Rourke (1980)

Argo

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Un soir, d'un oeil j'ai regardé un match amical de l’Équipe de France, de l'autre j'ai revu Argo pour vous en proposer mon analyse car c'est la meilleure manière d'apprécier ce film à mon avis. Primé aux Golden Globes et aux BAFTA, salué unanimement par la presse, apprécié du grand public, et, ultime récompense de tous les diables, couronné aux Oscars, Argo est le nouveau coup de poing de Ben Affleck, sa troisième réalisation d'ores et déjà considérée comme la plus aboutie après les pourtant remarqués et remarquables Gone Baby Gone et The Town. D'ailleurs, je ne vous ai jamais parlé de The Town, son meilleur film de casse. Amazon le vend à 4€88 en version longue. Je suis très curieux de voir ce film en version longue director's cut, mais 4€88 c'est vraiment cher payé ! J'hésite donc... Bref. Cette fois-ci, l'acteur-réalisateur s'attaque à une histoire vraie qui a marqué son temps : la crise des otages de l'ambassade américaine en Iran en 1979. Tout le monde en a entendu parler, les pires spéculations ont été entendues quant aux raisons de la durée si excessive de cette prise d'otages (suivez mon regard : je fixe la tombe de Ronald Reagan). Argo s'intéresse justement à la petite histoire derrière la grande. En effet, le film raconte comment la CIA est parvenue à exfiltrer six américains qui avaient réussi à s'enfuir et à se réfugier dans l'ambassade canadienne. Je sais déjà que je suis en train de perdre mes auditeurs/lecteurs/fans mais il faut bien replacer l'histoire dans son contexte pour pouvoir analyser cette œuvre, car chez Il a osé ! on se targue de réfléchir sur un film, de placer une analyse digne de ce nom et de mettre en exergue le propos caché de l'auteur (comme dans cet article, CQFD) plutôt que d'écrire quatre lignes ordurières. Je ne vise personne mais je vise quand même mes "amis-ennemis au fil de la mélodie".


Du talent et une beubar à faire pâlir Tonton Spielby, Ben Affleck sait comment se faire respecter.

Dans son film, Ben Affleck s'est réservé la part du lion : premier rôle, rôle principal et premier rôle masculin. Il est partout, et de tous les plans ! C'est à se demander si c'est réellement lui qui a filmé... Blague à part : je me suis toujours demandé comment les acteurs-réalisateurs arrivaient à se filmer dans leurs propres films alors qu'ils sont en même temps à l'image, la plupart du temps en plan américain... Je vous invite à me proposer des réponses car ça m'a toujours tué. On a par exemple jamais vu Luc Besson dans l'un de ses films. Est-ce un mal pour un bien ? Certaines personnes bien informées me certifient qu'il joue Bétamèche le minimoi dans Arthur et les minimois. Mais revenons à Benoît Affleck. C'est bien dommage qu'il soit à l'écran, car je le trouve laid. Je le préfère largement derrière la caméra. Ici, il joue un agent de la CIA spécialisé dans l'exfiltration de ressortissants américains. Qu'est-ce que l'exfiltration, me demanderiez-vous ? C'est tout simplement le contraire de l'infiltration, c'est l'antonyme de ce mot mieux connu et plus sexy. L'exfiltration, c'est permettre à une personne de sortir de manière discrète et sans être vue d'un endroit, d'une zone géographique. Qui se souvient du jour où Jesse Owens s'est baladé sur Unter der Linden en 1938 sous les yeux de sympathisants nazis médusés ? Personne, parce qu'il a été exfiltré avec brio par Ben Affleck et la CIA. Qui se souvient de la tentative échouée d'exfiltration de Nelson Mandela à Bloemfontein en 1970 ?


 Regardez les trois photos illustrant cet article et analysez l'expression faciale de Benny Ben. Vous remarquerez qu'il a tellement de talent qu'il arrive à plaquer exactement la même expression faciale dans les trois photos. Et c'est la même chose dans tout le métrage. A ce niveau là, c'est du génie.

Vous l'aurez compris, le métier d'exfiltrateur à la CIA est une profession très compliquée. En effet, un bon exfiltrateur est aussi un excellent infiltré. Car pour pouvoir exfiltrer, il faut d'abord infiltrer. D'où l'obligation de posséder un physique de "monsieur tout le monde". Taille moyenne, poids moyen, QI en dessous de la moyenne, des yeux qui ne témoignent que de la présence d'une araignée au plafond, un nez quelconque, une tignasse achetée à Prisunic et une beubar d'un mois fabriquée à partir de poils de chiens morts : Ben Affleck EST the regular average caucasian guy. Il est cet inconnu que l'on a tous croisé un jour et dont personne ne se souvient. C'est le parfait zonard des seventies. Avec ce physique banal, Ben Affleck parvient à accomplir ses missions d'exfiltration avec succès. Par contre, sa vie privée est un désastre : séparé de sa femme, fâché avec son fils, il vit dans un appartement miteux à un jet de pierre des bureaux de la CIA et possède une tv de moins de 36 centimètres de diagonale. Pas trop d'occasions pour prendre son pied. Quand on lui propose une mission des plus délicates, à savoir exfiltrer les six ressortissants américains de Téhéran, Ben Affleck trouve l'idée géniale qui permettra à tout ce petit monde de quitter l'Iran la tête haute et les épaules bien droites. En effet, il décide de les faire passer pour une équipe de tournage pour un film de science-fiction dans un décor arabisant comme c'était à la mode à la toute fin des années 70 (Star Warsétait passé par là...). Le titre de ce faux film : Argo. Cette nouvelle réalisation d'Affleck est donc un exemple typique de film dans le film, une pure mise en abyme à étudier dans toutes les mauvaises écoles de cinéma, et c'est sans doute ce qui a plu aux critiques, friands de métadiscursivité (pourtant absente ici).


Il est de tous les plans je vous dis !

Le gros problème d'Argo, c'est que Ben Affleck essaie d'en faire un film plein de suspense alors qu'on en connaît déjà le dénouement heureux. Les difficultés rencontrées pendant l'exfiltration et le sauvetage in extremis des otages est pas mal, intéressant même, mais il ne fait ni chaud ni froid puisque l'on sait déjà que ça va arriver. Ça fait maintenant partie de l'Histoire : ils s'en sont tirés ! Je le rappelle pour les amnésiques. On sent qu'Affleck a les mains et les pieds liés par le respect de la vérité historique. On aurait aimé qu'il prenne quelques libertés et qu'il fasse par exemple intervenir une armée de chiens Terre-Neuve pour le grand sauvetage. On aurait préféré qu'il se refuse le premier rôle et qu'il le propose au sous-utilisé et sous-estimé Michael Clarke Duncan, sous la forme d'un hommage posthume. J'ai récemment pu discuter avec Affleck sur Twitter pour lui faire part de toutes mes remarques. Je vous copie-colle le texte brut de ses réponses à mes questions. "No I don't think so, I'm proud and glad of my movie". "Please, stop harassing me. I'm not your bro. I'm not your whore. And no, I don't think that my ass and your two-headed dick should meet. Please, stop the persecution". Vous noterez que ce dernier tweet dépasse les 140 caractères. Mystère. C'est le seul tweet à ma connaissance qui a été autorisé à dépasser cette limite.

P.S. : Ça y'est, j'ai sauté le pas ! J'ai acheté The Town en blu-ray. Par contre, jusqu'à la fin du mois : ceinture !


Argo de Ben Affleck avec Ben Affleck, John Goodman, Alan Arkin et Bryan Cranston (2012)

La Fille de nulle part

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J'ai toujours beaucoup de sympathie pour les cinéastes démunis qui malgré leur pauvreté, voire leur solitude, font des films et les font bien. Je pense par exemple à Abel Ferrara, tout récemment. Mais dites-vous que le budget dont disposait ce dernier pour 4h44 dernier jour sur Terredevait être relativement confortable comparé à celui de Jean-Claude Brisseau, qui a tourné La Fille de nulle part dans son propre appartement et qui l'a non seulement écrit, réalisé et produit mais qui y tient le premier rôle et a mis la main à la patte sur pratiquement chaque étape du projet, avec l'aide quasi unique de sa jeune actrice et productrice, Virgine Legeay. Ces conditions de travail se voient dès le départ à l'écran, dans la simplicité des moyens et le côté "home made" de la caméra numérique frontalement posée face à des acteurs pas vraiment professionnels et sans artifices, mais on ne tombe jamais dans l'amateurisme pour autant. Brisseau va au plus direct sans bâcler son film. Tout est travaillé et maîtrisé, des angles de prise de vue au montage en passant par les (rares mais d'autant plus remarquables) travellings (opérés à l'aide d'une poussette si j'ai bien suivi), sans oublier les effets spéciaux et l'utilisation de la musique. Et en prime c'est ambitieux.




C'est l'histoire d'un ancien professeur de mathématiques (Brisseau joue un peu son propre rôle), veuf depuis une trentaine d'années, plus ou moins reclus dans un appartement bourré à craquer de dvds, de vhs, de livres et d'affiches de films, qui tâche d'écrire un essai sur l'illusoire, le délire et le poids des croyances dans la vie des hommes. Un matin il entend des bruits dans le couloir de son immeuble, sort et surprend un type en train d'agresser une jeune fille qu'il recueille chez lui. Il la soigne, prend soin d'elle et peu à peu une relation se noue entre eux, au point que Dora s'installe chez Michel. Or cette fille "de nulle part", orpheline sans foyer qui refuse que son hôte et protecteur appelle la police ou le médecin, va non seulement aider l'ancien prof dans la rédaction de son ouvrage, sauver son âme comme lui-même a sauvé son corps meurtri et ensanglanté, mais transformer malgré elle son appartement en un lieu fantastique frappé d'apparitions.




On a donc une histoire réaliste très simple et assez minimaliste, celle d'un homme plutôt âgé, seul et déprimé, qui rencontre une jeune femme pour laquelle il va nourrir un amour platonique et multiple (Dora est autant sa fille que la réincarnation de sa femme), à laquelle se mêle un récit fantastique obscur plein de zones d'ombres mystérieuses et vouées à le rester. Et les deux aspects sont aussi réussis que bien mêlés. Quand il filme réaliste, Brisseau fait penser à Rohmer, avec ces corps en déplacement dans des espaces physiques et cinématographiques construits et complexes, ces esprits connivents attirés l'un par l'autre et ces dialogues pleins de contenu (Brisseau parle dans le film comme dans la vie, à base de "c'est-à-dire... d'une part... d'autre part...", et ça colle assez bien à son personnage de prof de maths reconverti en penseur philosophe autodidacte), ponctués d'énoncés performatifs aussi grandiloquents que sincères (quand Michel propose par exemple à Dora de devenir son héritière). 




Quand il filme fantastique, avec une vraie ingéniosité de mise en scène (sauvant certaines scènes du ridicule, et à cet effort participe l'humour de Brisseau, très présent), il évoque autant Shining (avec sa "Redrum" et ses jumelles dressées côte-à-côte dans l'embrasure d'une porte) que le grand Hitchcock (l'assez terrifiante scène du couloir est une reprise à l'horizontale de celle de l'escalier dans Psycho, sans compter que Brisseau, chez qui trône de façon assez ostentatoire le dvd de Vertigo, emprunte aussi au maître le motif de la blonde réincarnation d'une femme aimée, avec essayage de vêtements obligatoire à la clé). Mais ceci vaut principalement pour les séquences fantastiques à tendance "horrifique" - même si c'est un bien grand mot - du film, qui en d'autres instants se consacre plutôt à la mise en scène tranquille et toute en puissance, parfois digne d'un Manoel de Oliveira, d'apparitions fantomatiques.




Avec ce mélange de reprises dans un film unique en son genre et ne ressemblant qu'à son auteur, Brisseau parvient à nous émouvoir(la scène en extérieur où Michel parle des jeunes filles en jupes avec son ami médecin, puis croise par hasard une ancienne élève, est l'une des plus rohmeriennes et des plus touchantes du film), à nous faire peur et à nous faire rire (parfois les deux à la fois), à créer enfin des images saugrenues certes, mais belles et frappantes (dans des séquences qui contiennent par ailleurs les seuls et rares plans érotico-saphiques du film, d'inspiration romantique - le fantôme d'Hugo plane sur le film - et très loin du soupçon de voyeurisme ou de vulgarité qui pesait sur Les Anges Exterminateurs). Les travellings avants sur l'ouverture du couloir ensemencé d'étoiles, qui vaut pour porte des enfers, des songes ou de la mort, sont la preuve qu'on peut réaliser de très belles choses avec trois fois rien. L'ensemble de ce film surprenant, riche et singulier, le prouve sans cesse. La Fille de nulle part, qui travaille le spectateur que je suis longtemps après-coup, se fait fort d'entremêler beaucoup de formes et de sujets avec peu de moyens sans tomber dans le n'importe quoi ni dans le foutraque. D'une grande tenue et d'une inspiration constante, il me semble en prime que c'est un film très juste sur les hommes de plus de 50 ans. Brisseau lui-même en a presque 70 et ça ne se voit ni sur lui ni dans le courage dont il fait preuve ici.


La Fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau avec Jean-Claude Brisseau, Virginie Legeay et Claude Morel (2013)

Parlez-moi de la pluie

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Depuis près de cinq ans une hernie pointe tout doucement le bout de son nez sur le côté gauche du dos du Poulpe, notre rédacteur associé. Ce dernier est allé voir Parlez-moi de la pluie au cinéma sur un coup de tête et il ne nous en avait rien dit depuis tout ce temps. Il avait gardé ça pour lui. Et comme il livre les horreurs qu'il a dans la tronche au compte-goutte, l'autre soir il nous a révélé ça. Pour nous c'était donc plutôt un bon soir vu que la veille il nous avait avoué avoir plongé un chat dans l'essence pour lui foutre le feu à l'âge de deux ans et demi. A chaque soir sa petite révélation, et pour lui c'est toujours un poids en moins, un sacré soulagement, une opération à coeur ouvert. Depuis qu'il nous a dit qu'il a vu Parlez-moi de la pluie, son hernie discale, chopée pendant la séance du film de Jaoui à force de contorsions sur un siège en bois, a cédé la place à un side-tattoo à l'effigie de Ian McKellen grimé en Gandalf, dédicacé à l'aiguille à tricoter par l'acteur sexagénaire. Le pire, c'est que nous aussi nous avons vu ce film, en avant-première à l'époque, et en présence de l'équipe s'il vous plaît.




On nous avait vendu ce film comme la vérité sur la perte du bras de Jamel. Il n'en est rien. Au contraire même, puisque le grand défi sur ce film pour le couple Jabac (Jaoui-Bacri), comme nous l'apprend la fameuse page "Le saviez-vous" sur Allociné, c'était de ne pas inclure dans le récit l'handicap de Jamel et de nous faire croire qu'il avait retrouvé son bras le temps du tournage. Mais à mi-parcours les artifices usés par la réalisatrice ont montré leur limites : Jamel ne pouvait décidément pas jouer toutes ses scènes adossé contre un mur. Jaoui fit appel à Stan Winston, qui devait animer le bras animatronic de Jamel, mais qui est mort entre-temps. Le génie des marionnettes mécaniques et des effets spéciaux artisanaux est enterré avec ce bras bionique de toute beauté qui n'a jamais servi. Au final Jamel, las de tourner toutes ses scènes à moitié planqué derrière un arbre, a fini par refuser le défi. D'ailleurs non seulement l'intrigue n'avançait pas mais le discours du film, véritable main tendue aux français d'origine maghrébine, en aurait pâti. 




Parlez-moi de la pluie est une histoire de gros bobos constamment surpris par la pluie mais bienveillants à l'égard des immigrés. A vrai dire on s'en souvient très mal. Bacri doit faire la tronche, Jaoui doit chanter (faux) une ou deux fois, et Jamel doit tourner un docu-fiction sur les femmes politiques hautaines et chiantes. Point positif : l'absence de Marilou Berry, qui avait plombé le précédent Jabac, déjà bien rance, Comme une image, dans lequel elle fréquentait à distance un autre beur vaguement boloss et aux yeux bleus, assurant le quota. Autre point positif : l'absence de meurtre non-simulé en caméra subjective ultra gore. Il n'y avait aucune chance pour qu'on voie ça dans ce film mais on cherche des qualités où on peut !




Dans ce film, Jaoui réalisatrice perd de vue les dernières traces de son talent d'antan, qui remonte à l'époque où elle et Bacri savaient encore écrire des textes drôles et créer des personnages attachants, et prend définitivement un melon gros comme ça. Et Bacri avec, qui à l'avant-première s'excitait lors du speech post-projection, se justifiant toutes les trois minutes d'être plein aux as et de quand même aimer les arabes, alors que personne ne lui avait rien demandé, et s'en prenant à toute la planète ciné pour vanter le courage de sa femme et louer les mérites de son propre film, dans lequel, affirmait-il le poing serré, "aucun personnage ne sert la soupe aux autres". On a vu, de nos yeux vu, et ça on s'en rappelle, au moins trois personnages du film, sans noms, sortis de nulle part, servir littéralement des plats de soupe froide (du gaspacho) aux trois stars dans une des pires scènes de ce long métrage lymphatique, avant de complètement disparaître de l'écran, sans même être cités au générique de fin. Il n'y avait vraiment pas de quoi parader pour ce film tombé au fin fond des oubliettes, dont on ne se souviendra peut-être qu'à chaque nouvelle sortie d'un nouveau film merdique de Jabac, condamné à son tour à sombrer dans les méandres de l'indifférence générale.


Parlez-moi de la pluie d'Agnès Jaoui avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri et Jamel Debbouze (2008)

40 ans : Mode d'emploi

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La petite vie de Judd Apatow, acte IV. En 2005, Apatow nous avouait sans la moindre honte qu'à 40 ans, il n'avait pas encore vu ni touché le loup. Deux ans plus tard, il se servait d'un film pour annoncer à sa femme qu'il l'avait mise enceinte et en profitait pour nous partager ses craintes sur la gestation et sa future paternité. En 2009, avec une régularité de métronome, Apatow interrogeait le public sur son incapacité à faire rire, via Funny People, une thérapie à 75 millions de dollars, un film lucide qui lui a sûrement fait du bien, et c'est tant mieux pour lui. On attendait tous un film en 2011, mais c'était sans compter sur l'échec monumental de Funny People, qui a eu l'heureux effet de ralentir les velléités d'Apatow metteur en scène. Un mogul des studios lui aurait déclaré "Tu peux filmer ça" en lui pointant son majeur. Apatow, dont la carrière en tant que producteur avait été couverte de succès dans les années 2000, se retrouvait en plein doute en tant qu'auteur. Qu'allait-il faire ensuite ?




Apatow, c'est un peu comme Microsoft avec les claviers et les souris, s'il n'était que producteur, on le respecterait pour son travail. Ceci dit, rappelons tout de même qu'Apatow a aussi produit un sacré tas de merdes. Mais il a participé à Anchorman, Ricky Bobby, Walk Hard, Step Brothers, bref, autant de films qui permettent de lui pardonner pas mal d'écarts de conduite. Reconnu comme un auteur crucial du cinéma américain des années 2000 par certains critiques qui sont définitivement trop à la recherche de la nouvelle star, souvent considéré comme l'étendard du renouveau de la comédie US par les cinéphiles en manque de guides, il est nécessaire de rappeler l'indigence du cinéma personnel d'Apatow, particulièrement frappant dans son dernier opus. Cet homme est décidément bien plus doué quand il s'agit simplement de placer ses billes dans les oeuvres drolatiques portées par de vrais génies du rire, à commencer par Will Ferrell, tout en s'écartant au maximum du travail créatif. 




Un film comme 40 ans : Mode d'emploi est pourtant encore l'occasion de constater qu'Apatow a des thèmes, des problématiques clairement identifiables, autour desquels il tourne, en rond, depuis maintenant des années, dans un circuit fermé parfaitement cohérent qui dégage une vieille odeur de pieds sales. Car il faut voir à quel point tout ça est creux, sonne faux et, accessoirement, est toujours terriblement laid à regarder. Son nouveau film fait presque mal aux yeux. Et comme c'est long, comme c'est bête, comme c'est naze... Le titre français est méprisable mais pleinement mérité. On prend en pleine poire ses petits tracas de quarantenaire détestable, soucieux d'être encore au top sexuellement, de gagner un tas de fric pour remplir sa grosse berline BMW, de pas trop se faire bouffer par ses gosses. En outre, en engageant sa femme dans le premier rôle et ses deux filles pour des rôles également importants, Judd Apatow ne fait que rendre son petit film encore plus insupportablement égocentrique, plus recroquevillé sur lui-même que jamais. Il passe encore 2h20 à nous montrer son nombril en s'imaginant que celui-ci est infiniment drôle et intéressant à regarder.




Leslie Mann, sa femme, n'a pas l'étoffe d'un premier rôle. Triste fantôme qui traverse les comédies américaines depuis des années, ce n'est certainement pas un hasard si seul son époux a la gentillesse de l'embaucher pour la hisser enfin en tête d'affiche. Son visage trop fade, ses expressions toutes faites sorties des plus vilaines sitcoms et son manque absolu de charme en font une actrice totalement incapable de captiver son audimat. Apatow a beau la filmer sous tous les angles, nous dévoiler son anatomie jusque dans les moindres recoins, jusqu'au bout des tétons, ça ne marche pas, rien n'y fait. Elle exaspère. Apatow la met dans les situations sexuelles les plus suggestives, en la faisant par exemple réaliser une fellation soudaine et bienvenue à son mari qui n'en demandait pas tant, cela nous fait le même effet que de savoir avec qui couche NKM. Jusqu'au générique de fin, la souffrance de la voir presque de tous les plans est telle qu'on espère voir débarquer une vraie actrice, capable de faire rire et d'émouvoir, pour la remplacer et la bouter définitivement hors champ. En vain. A côté de ça, on doit plutôt supporter une Megan Fox qui passe pour LA bonnasse ultime, regardée par tous et toutes avec envie. Hé ben...




Face à Leslie Mann, on retrouve un habitué : le si pâle Paul Rudd, qui joue donc un ersatz de Judd Apatow. On apprécie Paul Rudd pour son rôle dans Anchorman. Avouons qu'il a une tête sympathique et qu'on aurait sans doute envie de taper la discussion avec lui si on le croisait. Mais reconnaissons aussi qu'il n'a pas du tout les épaules assez larges pour camper le rôle principal d'une "comédie" de 2h20 (avec les films signés Apatow, j'hésite toujours à appeler ça des comédies tant les rires sont rares au profit d'une psychanalyse de trottoir). Paul Rudd est ici traîné dans la boue dans des situations grotesques et embarrassantes : quid de cette scène où, les quatre fers en l'air, dépourvu du moindre slip, l'intimité réduite à néant, il demande sans ambages à Leslie Mann de lui inspecter le trou de balle ? L'acteur n'arrive pas à rendre son personnage attachant et, pire encore, ne sort jamais grandit de telles situations, qu'il échoue systématiquement à rendre un tant soit peu amusantes. Il semble subir le film et être la marionnette pathétique de son ami réalisateur. Quand il lâche une série de pets sur le lit conjugal au visage de sa femme, on éprouve quasiment de la pitié pour lui. On aime la loyauté de l'acteur envers son pote réalisateur, beaucoup d'autres auraient refusé de participer à une telle mascarade, mais après un tel film, on ne peut s'empêcher d'avoir une idée encore plus cruelle du talent réel de Paul Rudd. Vivement Anchorman 2 pour qu'il puisse revenir au niveau d'estime que nous lui portions.




Les rares scènes ou moments drôles sont entièrement dus à des acteurs en roue libre, au pouvoir comique réel, mais cantonnés à des rôles toujours très secondaires, décoratifs. On est ainsi ravis de retrouver la fameuse "grosse de Mes Meilleures Amies" qui agit ici telle de la dynamite dans un ensemble d'une extrême fadeur. Melissa McCarthy a deux scènes seulement, les deux meilleures du film, de loin. L'actrice, une petite boule de haine intenable, y laisse complètement aller son talent nerveux pour l'improvisation comique. On aurait aimé que cela dure plus longtemps. L'une de ces scènes est d'ailleurs si supérieure au reste qu'on en retrouve les rushs au générique final, terrible aveu final de lucidité de la part d'Apatow, conscient qu'il tient là le seul moment réellement poilant. Albert Brooks, le vilain de Drive, surprend quant à lui dans le rôle d'un père totalement irresponsable, un personnage aux répliques souvent inattendues et toujours placées avec tact, avec le sérieux et la conviction qui caractérisent les plus grands malades. L'acteur nous rappelle qu'il a commencé par le stand-up avant de finir poignardé sur un parking. On peut hélas regretter que son personnage soit justement réduit à ces petites répliques, et qu'il n'ait même pas une scène pour nous combler et nous faire pleinement goûter sa verve comique toujours vivace, dont il ne peut que donner des aperçus assez frustrants. Notons toutefois que cet acteur est un véritable moteur diesel qui part très doucement, de manière assez laborieuse, pour finir littéralement en roue libre, au meilleur de sa forme.


 

Inutile d'aborder le sujet même du film, c'est-à-dire la crise existentielle de la quarantaine selon Docteur Apatow. C'est à peu près aussi profond qu'une émission télévisée présentée par Arthur. Si des gens se reconnaissent là-dedans et sont touchés par les états d'âme dépeints par Apatow et exprimés à travers ses personnages lamentables, j'ai simplement beaucoup de peine pour eux. Son film rappelle voire martèle la tagline ridicule de la série Cougar Town dans laquelle Courteney Cox essaye péniblement de trouver une nouvelle jeunesse : "40 is the new 20". 40 ans : Mode d'emploi ne donne pas envie d'atteindre les 40 ans, il donne simplement envie de rien. Il fait partie de ces films, parmi les plus déprimants, qui nous abandonnent plein d'idées noires et avec une piètre opinion de l'être humain dans sa globalité. Je suis mort quatre fois en matant ce film. Une fois toutes les 30 minutes.


40 ans : Mode d'emploi de Judd Apatow avec Leslie Mann, Paul Rudd, Albert Brooks, Jason Segel, Megan Fox, Maude Apatow et Iris Apatow (2013)

20 ans d'écart

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Nous n'en menions pas large quand on a pour la première fois zappé sur la Nouvelle Star pour découvrir le phénomène. A partir de ce jour on s'est mis à endurer des prime time entrecoupés de chansons infectes interprétées par des ienchs juste pour les quelques secondes toutes les trente minutes où la caméra était braquée sur Virginie Efira, ses décolletés profonds et ses oeillades sans équivoques. 16 novembre 2007. Toulouse. Rue des lois. Appartement B, troisième étage. "Makkaaaaaash, viens voiiiiiiir !!! J'ai vu passer un truc sur l'écran... J'sais pas ce que c'est. Viens voiiiiiiiiiiiiir... je t'en supplie... J'en ai mal au sexe !" C'était la première fois que notre télé sentait littéralement l'organe génital mâle tout en suintant des hauts-parleurs et en fumant du capot. Nous venions de taper "priapisme" sur google pour mettre un nom sur notre nouveau mal. L'un de nous venait de découvrir la bombe atomique du plat pays. La Belgique détenait officiellement l'arme nucléaire. Et nos slips étaient aussitôt brandis dans notre salon en guise de drapeau blanc : nous nous rendions.


Maaaaagnifique.

On le sait, lectrices, blogueuses, twitteuses, femmes en un mot comme en cent, notre article du jour ne vous est pas destiné et aurait même tendance à vous inspirer pas mal de pitié, voire du mépris. Mais on a l'honnêteté des plus cons, qui disent tout haut ce qu'ils pensent tout haut. La sincérité n'est pas une vertu, on le sait, rappelez-vous Audiard, Jacques Audiard, pas gêné d'avouer à l'antenne chez un Michel Denisot placide qu'il n'avait jamais regardé un seul film de sa vie, sauf les siens, et encore, aperçus au combo sur les tournages. Rappelez-vous Clinton qui affirmait le doigt tendu : "I did not have sexual intercourse with thaaaat woman !" (sauf que lui il racontait des cracks). On ne fait que retranscrire ce qui se produit en nous, physiologiquement, face à une énergumène comme Efira. Imaginez une femme qui écrirait à propos de Bradley Cooper, Ryan Gosling, Michael Fassbender ou Mathieu Bodmer, ce serait pareil, la même en couleur. Sauf que les femmes ont cette petite longueur d'avance sur nous qui fait qu'elles se retiennent d'écrire les possibles horreurs dictées par leur ovaires et autres viscères. D'un autre côté réjouissez-vous d'avoir l'occasion de connaître nos plus intimes pensées, tel Mel Gibson dans Ce que pensent les mecs.


Virginie Efira est enceinte ces jours-ci, et elle sait mettre ses kilos en trop où il faut.

Après avoir dit ça on est obligés de se mouiller. Efira, toi et moi, sous des draps, draps de soie... Efira, qu'est-ce que c'est concrètement ? Le rêve incarné ? Une poitrine naturelle opulente sans la bouée de cheval qui va avec, des jambes anormalement longues qu'on a envie de prendre à son cou, une crinière blonde qui n'arrange rien aux choses, un teint constamment halé, sans parler, sur un grand sourire aux petites dents juvéniles, d'un regard fiévreux et conscient de l'effet qu'il fait, qui semble toujours nous mettre au défi et qui dans tous les cas nous met systématiquement au tapis. Quelqu'un nous a dit quelque chose qu'on soupçonnait fortement au sujet de Virginie Efira : c'est une épicurienne de la bagatelle. Depuis que l'on en a la certitude, rien n'a changé. S'il n'y avait qu'une célébrité dont nous souhaiterions acquérir la sextape à prix d'or, après Najat Vallaud-Belkacem viendrait Virginie Efira. Cette jeune femme nous fait retomber en enfance, quand on la voit on aimerait retourner nourrissons. Ou au moins redevenir des adolescents de 13 ans, comme Pierre Niney dans le film de David Moreau II, qui est sorti sur nos écrans tout récemment et qui s'est surtout fait remarquer par sa promo menée nichons battants par une Efira donnant de sa personne pour convaincre, donnant littéralement le seinà la plèbe, hommes et femmes confondus. Efira a fait de la promotion de ce long métrage un véritable cirque, un magic circus qui aura atteint jusqu'aux pages de ce blog d'ordinaire irréprochable. C'est dommage parce qu'on regardera ce film un jour ou l'autre, mais on l'aura déjà critiqué. On ne peut pas toujours parler ciné.


20 ans d'écart de David Moreau II avec Virgine Efira et Pierre Niney (2013)

Course contre l'enfer

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Deux amis, Frank (Warren Oates) et Roger (Peter Fonda) partent en vacances avec leurs épouses à bord d'un camping-car flambant neuf. Lors d'une halte, ils sont témoins bien malgré eux d'un rituel satanique impliquant le sacrifice d'une femme. Repérés par les membres de cette étrange secte, ils prennent la fuite et alertent immédiatement les autorités locales. Personne ne les prend hélas véritablement au sérieux, alors qu'ils se sentent de plus en plus menacés... Réalisé par Jack Starrett en 1975, Course contre l'enfer (en version originale, Race with the Devil) est un road-movie satanique et paranoïaque porté par deux symboles du cinéma américain de cette période, j'ai nommé Peter Fonda et Warren Oates, l'un pour son rôle aux côtés de Dennis Hopper dans l'incontournable Easy Rider, l'autre pour ses apparitions inoubliables chez les grands Monte Hellman et Sam Peckinpah. Il s'agit du deuxième des trois films (parmi lesquels L'Homme sans frontière) que les deux acteurs ont tourné ensemble, et une vraie complicité se dégage de la présence des deux hommes, servant de socle décisif à l'ensemble. On a aucun mal à croire à leur vieille amitié malgré les rares scènes qui lui sont réellement consacrées, l'action ne tardant pas à dicter le rythme du film et à emporter l'adhésion du spectateur avec elle. Leur entente palpable et leur jeu très décontracté participent à l'authenticité de ce film, fait avec trois francs six sous, mais non sans ambition, et avec à l'évidence beaucoup d'amour et de conviction.




Par sa mise en scène à l'inspiration inégale mais traversée de quelques fulgurances étonnantes, Jack Starrett parvient à nous dépeindre très simplement une Amérique profonde à la dérive et littéralement hantée par des rednecks faisant froid dans le dos. Le trait n'est toutefois jamais suffisamment grossier pour que cela puisse être tourné en dérision au détriment de la tension que Starrett parvient à développer crescendo. En outre, le réalisateur fait preuve d'un savoir-faire indéniable lorsqu'il met en boîte des scènes de course-poursuite très tendues qui ne manquent jamais de nous scotcher au fauteuil. Son film apparaît comme une influence certaine de Quentin Tarantino (Death Proof), mais aussi du Red State de Kevin Smith pour les thèmes abordés. La liste des cinéastes et spectateurs qui ont hissé Course contre l'enfer au rang de petit film culte doit cependant être bien plus longue.




Quand il insiste sur la paranoïa croissante ressentie par l'une des épouses, en filmant ces personnages inquiétants et envahissants qui s'invitent tout sourire dans le camping-car de nos quatre victimes désemparées, ou observent avec insistance la plus vulnérable d'entre elles, son film rappelle curieusement le Rosemary's Baby de Roman Polanski. On pourrait parler d'une sorte de Rosemary's Babyà l'horizontale, sillonnant les routes américaines dans une caravane de plus en plus détériorée, dont on finit par se dire qu'il n'en restera que le châssis cramoisi, le tout mêlé à un Délivrance aride, au doux parfum de macadam et d'essence. Ou bien, plus simplement, de la rencontre inattendue entre Easy Rider et The Wicker Man. On ressort de ce mélange explosif, situé quelque part entre le western moderne et l'horreur sectaire, avec le plaisir trop rare et revigorant d'avoir vu un film aussi humble et sincère qu'énergique et haletant. Surtout, on laisse le glaçant générique final défiler sous nos yeux avec la très vive envie de réussir à mettre la main le plus rapidement possible sur d'autres petites pépites de ce calibre.


Course contre l'enfer de Jack Starrett avec Peter Fonda, Warren Oates, Loretta Swit et Lara Parker (1975)

Hitchcock

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Après Hitch - expert en séduction, voici le nouveau biopic consacré à la vie du grand Alfred Hitchcock. Anthony Hopkins colle a priori mieux au rôle que Will Smith mais ça ne l'empêche pas de jouer comme une otarie glabre à la peau suiffeuse à souhait. A ce compte-là des Hitchcock il y en a plein les Marinland et autres Aquagym, et j'en défèque un moi-même chaque matin à 10h tapante. On ne croit pas une seconde à l'interprétation du maître du suspense que nous livre Hopkins, qui ne ressemble pas le moins du monde à Hitchcock malgré les deux semaines passées en salle de maquillage et au Burger King avant chaque prise. Le fait qu'un acteur ne soit pas le sosie du personnage historique qu'il incarne n'est pas un problème en soi. Prenez Will Smith, il était impeccable dans son interprétation du plus grand des cinéastes anglais hollywoodiens, quoiqu'un peu trop "black" pour le rôle peut-être. Trop baraqué aussi et légèrement trop porté sur la part érotomane de l'illustre Hitch, au point de s'envoyer des camions entiers de miss univers plastifiées de toute beauté (et quelques mecs pas mal non plus perdus dans la mêlée) avec un sourire grand comme ça d'un bout à l'autre de son biopic, malgré tout assez exact et fameux. Ne pas être le sosie de son modèle n'est donc pas problématique, sauf si l'acteur fait tout pour lui ressembler, parce qu'alors les spectateurs que nous sommes passent leur temps à regarder comment le comédien s'y prend, et si ce n'est pas parfait, c'est immédiatement ridicule.




La grande mare du ridicule, Anthony Hopkins, dont la palette d'acteur comprend pourtant toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et dont le CV mirobolant est une foutraque colocation sauvage réunissant Pablo Picasso, Zorro, Hitler, Quasimodo et le dieu nordique Odin, y saute à pieds joints dans ce film, quitte à éclabousser tout Hollywood et à plonger la Nouvelle-Orléans dans le noir une seconde fois. Je serai éternellement reconnaissant à l'acteur de m'avoir fait penser à rire devant le Dracula de Coppola, où il interprétait non pas le professeur Van Helsing mais le guitar hero Van Halen (simple erreur de frappe dans son exemplaire du script ou énième facétie du comique troupier anglais ?), et nous gratifiait de quelques solos de air guitar mémorables, gardés au montage par un Coppola sous acides et continuellement hilare. Mais elle est loin l'époque où Hopkins injectait des petites doses salvatrices d'humour british dans des films constipés par un esprit de sérieux inadéquat. Le comédien en est réduit aujourd'hui à transformer tout ce qu'il touche en chape de plomb, y compris dans cette scène immonde où son Hitchcock de pacotille danse comme un abruti derrière la porte de la salle de cinéma lors de l'avant-première de Psychose, alors qu'il y avait la place ici pour foutre en l'air le film de l'intérieur et gagner nos cœurs.




Si on ne croit pas à son dernier personnage en date, c'est aussi parce que Sir Anthony Hopkins, Commandeur et Chevalier de l'Ordre de l'Empire britannique since 1987, veut nous faire avaler qu'Hitchcock avait le menton relevé et la tête penchée en arrière en toutes circonstances, qu'il épluchait insupportablement chaque syllabe en formant un énorme cul avec sa bouche, et surtout qu'il tirait la tronche du matin au soir et du soir au matin. Exit le Hitchcock rieur, blagueur, comique même, et d'un enthousiasme forcené dès qu'il s'agissait d'évoquer son cinéma, que l'on connaît tous plus ou moins bien et que l'on ne peut qu'adorer… Évaporé le vrai Hitchcock, qui a pourtant été filmé des dizaines et des dizaines de fois et que l'on peut regarder et écouter en boucle sans s'en lasser grâce à toutes sortes de vidéos disponibles assez facilement sur internet ou ailleurs, vidéos que les auteurs de ce film devraient avoir la curiosité de regarder un jour, à l'occasion.






On ne croit pas une seconde à la prestation de l'acteur Hopkins, comme d'ailleurs on peine à croire à tout ce que ce film mensonger essaie de nous apprendre ou de nous vendre, comme cette scène où Hitchcock zieute Vera Miles pendant qu'elle se fout à poil aux essayages, à travers un petit trou percé dans le mur, comme Norman Bates dans Psycho, bien sûr… On regrette que Sacha Gervasi, réalisateur des selles filmiques que sont ces quelques 98 minutes de métrage, n'ait finalement pas tourné ces scènes pourtant présentes dans le script original où son Hitchcock de foire devait se trimballer dans sa villa habillé en vieillarde. Gervasi a aussi laissé de côté cette séquence, qui lui tenait à cœur, racontant un autre épisode méconnu de l'existence du cinéaste, ce fameux jour où il a trucidé une femme dans sa baignoire avant d'aller l'immerger dans un lac. Cette anecdote aurait enfin permis de comprendre les quelques scènes transposant ces faits réels dans le classique Psychose. Mais force est de constater que le téméraire Gervasi a reculé au moment de tourner la retranscription de cet épisode scabreux de la vie d'un artiste international qui n'a jamais été condamné pour ses dizaines de crimes et qu'on admire encore aujourd'hui, bien naïvement.




Vous me direz que de toute façon, et le titre est traître, ce n'est pas un film sur Alfred Hitchcock mais bien sur sa femme, Alma, qui fut le véritable auteur de Psychose comme on l'apprend ici, ayant eu strictement toutes les idées capitales jusqu'alors attribuées à Alfred, celles qui font du film ce qu'il est (en ce qui me concerne j'ai cessé d'admirer Alfred Hitchcock depuis que j'ai vu ce film, et je ne m'attendais pas vraiment à ça). Alma Hitchcock, quoique son personnage soit assez maigre et tendancieusement insupportable, est d'ailleurs celle qui s'en sort le mieux avec Helen Mirren aux commandes. Anthony Perkins pour sa part devient un gros attardé sous les traits de James d'Arcy, incapable de comprendre un traitre mot du script qu'il est en train de tourner pour Hitchcock. Quant à Janet Leigh et Vera Miles, les voici transformées en gros boudins. Des thons mal fagotés et coiffés de perruques explosives. On a beaucoup vanté, et avec raison, les goûts d'Hitchcock en matière de gent féminine. On ne vantera jamais ceux de Sacha Gervasi.




Pas étonnant que notre homme ait fait une fixation sur la gourmandise du gros Hitchcock, que l'on voit à plusieurs reprises planté devant son frigo un pot d'Actimel dans la main gauche et son sexe dans l'autre, plongée au fond de son pantalon. Gervasi est lui-même un fin gourmet. Il a réuni les deux actrices aux faciès les plus jambonneux d'Hollywood, Scarlett Johansson et Jessica Biel, surnommées depuis ce film "Jamon Jamon" dans tout Los Angeles, pour incarner Janet Leigh et Vera Miles, auxquelles nos deux actrices contemporaines ne ressemblent pas une seconde. On peut cependant reconnaître un effort logistique à Gervasi : Janet Leigh et Vera Miles, qui ne se ressemblaient pas tellement, étaient censées jouer deux sœurs dans Psychose, or Johansson et Biel se ressemblent assez quant à elles, avec leurs visages surdimensionnés taillés en V, déformés par des pommettes surgonflées plongeant à pic sur des joues creuses pour se réunir bien plus bas en un menton contondant. Dans les deux cas on est frappé (littéralement quand on s'approche d'elles pour leur taper la bise) par une bouche d'un autre monde, remplie de dents à ne plus savoir qu'en foutre et cernée de lèvres d'éléphanteaux. Mais le vrai point commun entre ces deux morceaux de roi, comme disent les poètes, tient plutôt dans ce qu'on appellera de gros nibards. C'est manifestement ce qui prévaut dans le choix des producteurs de ce film : d'énormes nichons. Peu importe que les actrices aient l'air con et soient d'une médiocrité sans limites, jouant littéralement comme des enclumes, tout ce qui compte c'est qu'elles soient pourvues de grosses mamelles et de bons gros culs.




Et qui pour responsable ? Un grand metteur en scène pour faire honneur au plus grand de tous, ou le premier tocard venu ? Réponse b) ! Alexander Sacha Simon Gervasi. Un type dont le haut fait d'arme est d'avoir écrit le scénario de The Terminal. A sa décharge, Gervasi est certes un tocard de première mais il est quand même fan d'Hitchcock, il ne sort pas de nulle part non plus ce mec-là, il n'est pas là par hasard. Il aime bien Hitchcock. Comme en témoignent quelques allusions finaudes et bien placées à l’œuvre du maître : les oiseaux sur tous les abats-jours du décor et le plan sur la bagnole d'une Alma Hitchcock coiffée d'un foulard, sinuant le long d'une baie ensoleillée, en sont de bons exemples. Notre homme est un fin connaisseur. Il a aussi fait appel à Danny Elfman pour la bande originale, à base de pistes musicales qui s'excitent régulièrement et tâchent de créer du suspense sur des scènes absolument dépourvues du moindre intérêt dramatique. Or justement Elfman avait déjà travaillé sur la musique du remake de Psychose par Gus Van Sant, avec plus de bonheur, même si Gervasi a avoué en interview qu'il l'ignorait quand il a soumis le projet au compositeur attitré de Tim Burton, dont il adorait juste, je cite, "le travail dément sur la bande originale d'E.T. l'extraterrestre et d'Indiana Jones : Le Temple maudit". Gervasi, grand spécialiste d'Hitchcock qu'il est, s'est donc permis de refaire la scène de la douche à sa sauce et d'accomplir par la même occasion l'une des pires choses dont l'homme se soit rendu coupable depuis qu'il s'est mis debout : Hitchcock joue la scène lui-même pour montrer à ses acteurs ce qu'il attend d'eux et s'excite avec un faux couteau devant une Scarlett Johansson terrifiée (et pitoyable actrice), en fantasmant en lieu et place de la comédienne son producteur mesquin ou sa femme dans les bras de son amant, qu'il tranche nerveusement dans un montage rapide et brutal inspiré de celui, mythique, d'Hitchcock dans le vrai Psychose. Cette seule séquence a fait surgir une ride du lion profonde de plusieurs millimètres entre mes deux sourcils qui, depuis, refusent mordicus de se défroncer.




Mais le pire dans tout ça, l'ultime blasphème, le grand crime de lèse majesté de Gervasi, ce sont ces séquences où Hitchcock est censé rêver et imaginer dans son sommeil des scènes de son futur film, ou bien des scènes tirées du livre adapté et impliquant Ed Gein, le vrai meurtrier ayant inspiré le personnage légendaire de Norman Bates. Ces séquences sont, du point de vue formel, d'une nullité égale à celle qui se répand sur l'intégralité du long métrage, mais le bat blesse quand on se rend compte qu'elles sont supposées sortir de la psyché d'Alfred en personne. Sacha Gervasi a bel et bien attribué à l'imaginaire d'Hitchcock le sien, que l'on peut qualifier de putride sans exagérer. Il a mis dans la tête d'Hitchcock des séquences dignes du sociopathe achevé qu'il est lui-même. Ce bougre de connard a superposé sa mise en scène d'écorché vif allaité au vinaigre blanc à l'esprit créatif du grand, de l'immense, du sacro-saint Hitchcock. Depuis que j'ai vu le film, je fais des rêves chaque nuit, une série de rêves qui reviennent en boucle, toujours les mêmes. Dans l'un d'eux j'apporte un verre de lait à un Sacha Gervasi en pyjama dans son lit, qui grimace en me voyant entrer dans sa chambre, tout en décollant les boucles brunes de son front suant, car il sait bien que c'en est fini pour lui. Dans un autre rêve j'emmène le petit Gervasi au parc, puis je l'éloigne des manèges et je place mes mains autour de son cou pour les serrer de plus en plus fort jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un vulgaire filet de peau entre mes doigts, aux articulations jaunies par l'effort, le tout en piétinant les lunettes que ce binoclard qui s'ignore devrait peut-être porter pour tourner des plans un poil moins laids. Dans un autre songe je lui raconte une blague et pendant qu'il se marre comme une baleine je lui ruine la carotide avec une corde d'un coup sec, avant de le foutre dans une malle et d'inviter des potes à bouffer un gros macdo sur son cadavre devant une énième défaite de l'équipe de France contre la Cisjordanie. Il y a un autre rêve où j'abats ce salop de Gervasi qui cavalait dans la forêt comme un lièvre, puis où je m'amuse à le déterrer et à le ré-enterrer des dizaines de fois, juste pour profaner sa dépouille mortelle. Je ne vais pas vous dresser la liste de mes cauchemars, mais disons que le principal c'est quand même celui où je me trimballe en robe et où je vais surprendre Sacha Gervasi tout nu sous sa douche, avec une charlotte sur la tête. Au bout d'un long moment passé à le reluquer je le tranche en allumettes. Bizarrement je me réveille de ces cauchemars sans être essoufflé, effrayé ou transpirant, au contraire je suis radieux et regonflé à bloc pour la journée. Il y a un autre rêve aussi (excusez mais c'est mon inconscient qui cause) où je largue un interminable pet venu tout droit des enfers et remontant lentement mais sûrement les 39 marches de mon estomac malade sous le nez de Sacha Gervasi, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Puis j'assiste à l'autopsie, menotté, et le médecin légiste m'apprend que son client du jour est étrangement "mort de trouille" (sic.). Mais ça c'est pas tiré d'un film d'Hitchcock, c'est un simple rêve.


Hitchcock de Sacha Gervasi avec Anthony Hopkins, Helen Mirren, Scarlett Johansson, Jessica Biel, James D'Arcy et Toni Collette (2013)

The Forest

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J'ai gagné le dvd de ce film grâce à un concours sur Cinédingue le blog de tous les cinémas (j'en profite pour saluer son auteur). J'ai très hâte de le recevoir. En plus, ce sera mon premier dvd. J'attends mon facteur comme le Messie. Je ne bouge jamais de chez moi avant 14h30 pour être sûr de ne jamais le louper. En attendant, j'envisage, j'anticipe, j'imagine et je me plais à rêver, car j'attends du lourd et je veux en prendre plein la vue ! Surtout, je vais enfin sauter le pas, et profiter d'une après-midi libérée pour aller m'acheter un lecteur dvd en vitesse. Par contre, je dois vous avouer que suis un peu perdu... Je connaissais ce film sous son titre original, "The Barrens", et je savais exactement ce que ça voulait dire. J'imaginais donc un film d'horreur se déroulant dans les landes (littéralement "barrens" dans la langue d’Eliott Counterbass Shakespeare). Or, le film est très étrangement devenu en VF "The Forest". Et là, par contre, je sèche. Je cale complètement. Je n'ai plus aucune idée de ce que ça peut bien vouloir signifier. J'ai donc peur d'être amèrement déçu... Et il ne faut évidemment pas compter sur l'affiche ci-contre pour avoir un petit indice. Quelle idée, aussi, de remplacer le titre d'un film américain par un autre titre en langue anglaise pour sa distribution en France... Mais quelle idée !


The Forest (kézako ? please help) de Darren Lynn Bousman avec Stephen Moyer et Mia Kirshner (2013)

Le Petit arpent du bon Dieu

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Réalisé par le grand Anthony Mann en 1958, Le Petit arpent du bon Dieu raconte l'histoire, dans le Sud caniculaire des États-Unis, d'un certain Ty Ty Walden (Robert Ryan), agriculteur pauvre âgé de la cinquantaine bien tassée dont la vie de Sisyphe se résume à creuser de gigantesques trous l'un derrière l'autre dans son jardin. L'homme est en effet persuadé que son grand-père a enterré là un trésor qu'il ne lui reste plus qu'à dénicher, tâche à laquelle il s'acharne en vain depuis plus de quinze ans, aidé par ses deux fils, Buck (Jack Lord) et Shaw (Vic Morrow), quasi-jumeaux s'exprimant en canon et creusant sans se poser de question là où le père dit de creuser. Autour de ce nœud dur des têtes de pioche passant leur temps à remuer la terre pour faire du terrain qui cerne la maison une sorte de champ de mines, plusieurs personnage gravitent.




Il y a d'abord Griselda (Tina Louise), l'épouse de Buck, qu'elle rend fou de jalousie à cause d'un amour de jeunesse, Will Thompson (Aldo Ray), depuis marié à Rosamund (Helen Westcott), l'une des petites sœurs du clan Walden, et qui noie son chagrin (celui d'avoir perdu Griselda doublé de celui d'être au chômage depuis que l'usine de coton locale a fermé) dans l'alcool et dans l'aigreur. Et puis il y a Darlin' Jill (Fay Spain), la deuxième fille Walden, une blonde quasi nymphomane convoitée par Pluto (Buddy Hackett), candidat au poste de shérif rondouillard et benêt, mais éprise de l'albinos capturé par son père Ty Ty pour son supposé don de voir à travers le sol. Apparaîtra ensuite un troisième frère Walden, nouveau riche parti épouser une bourgeoise mal en point pour hériter de sa fortune après sa mort.




L'histoire est donc très riche et assez complexe, même si elle se resserre sur d'un côté la quête chevronnée du trésor de l'aïeul par un Ty Ty littéralement illuminé, et de l'autre sur les conflits familiaux principalement nourris par l'amour unissant encore Griselda à Will Thomson, qui pousse Buck Walden, l'époux de la jeune femme, dans ses derniers retranchements. Ces deux éléments principaux du récit permettent au film de danser sur plusieurs pieds. La fable métaphorique et moraliste d'abord, teintée de beaucoup d'humour, quand il s'agit de montrer l'obsession de Ty Ty pour un trésor introuvable, marotte qui le poussera à kidnapper un pauvre albinos et à lui mettre une baguette de sourcier dans les mains, puis à creuser en dernier recours un trou sans fond sous sa propre maison. Le symbole n'est pas maigre de cet enragé prêt à faire écrouler sa demeure et à remiser Dieu dans la rivière afin de mettre la main sur une poignée d'or (le fameux "petit arpent du bon Dieu" du titre désigne un lopin de terre dont la récolte est supposée revenir à l'Eglise, signalé par une croix blanche que Ty Ty va planter dans le cours d'eau au-delà des champs pour s'épargner le risque de devoir léguer son trésor à la paroisse). Au lieu de cultiver sa terre, au sens voltairien du terme, et de veiller à la cohésion familiale qu'il ne cesse d'appeler de ses vœux quand ses enfants se déchirent sans pourtant y travailler concrètement, Ty Ty creuse sa terre et en fait un champ de bataille propice à toutes les guerres intestines et prêt à accueillir la mort.




La pauvreté extrême du clan Walden (le père refuse de cultiver le coton pour s'adonner à ses recherches et en embarque toute la famille dans sa chute), porte également un discours social malheureusement tout à fait d'actualité : les portes de la fabrique sont closes et les hommes, réduits à l'alcool et aux regrets, sont prêts à se sacrifier pour voir l'usine, leur propre vie, tourner à nouveau. Quand Will Thomson se dévoue à la fin du film pour aller ranimer le moteur de l'existence des agriculteurs, les anciens ouvriers de la ville s'amassent, debout devant l'usine, telle une masse de zombies amorphes bien qu'échauffés par les températures du Sud (on croira les retrouver quatre ans plus tard dans Du silence et des ombres de Robert Mulligan), figés dans l'attente d'un signe de Dieu, d'une lumière qui ne sera que celle, bien éphémère, de l'électricité rallumée dans la boîte par Aldo Ray, aussitôt frappé pour avoir tenté le miracle.




Fable moraliste, drame familial et social, Le Petit arpent du bon dieu est aussi un film physique, incarné, charnel et en partie érotique. Les acteurs qui portent le récit sont tous remarquables, à commencer par Robert Ryan, impressionnant, comme toujours, et l'excellent Aldo Ray (les deux acteurs étaient déjà réunis l'année précédente par Nicholas Ray dans le remarquable Men in War). Et du côté des actrices, trois femmes complètement différentes pour trois personnages passionnants. Notamment celui de Rosamund (incarnée par Helen Westcott, appréciée dans beaucoup de westerns), épouse de Will Thomson prête à abandonner son époux à sa maîtresse Griselda à seule fin de le sauver de son désespoir chronique. Mann réalise un magnifique plan en plongée sur elle, ramassée sur son fauteuil comme une enfant abandonnée, quand Will s'en va rallumer l'usine malgré ses conseils, attendant le pire et résignée depuis qu'elle a laissé son homme entre d'autres mains. Et si Darlin' Jill apparaît pour la première fois nue dans sa baignoire derrière la maison familiale, c'est Griselda qui restera dans les cœurs, interprétée par la plantureuse Tina Louise, qui retrouvera Robert Ryan l'année suivante dans La Chevauchée des bannis d'André de Toth (aux côtés d'ailleurs d'Helen Westcott dans un second rôle). L'image de cette grande femme au visage parfait, avec ses traits supérieurs et puissants, et sa silhouette pas croyable, qui arpente les champs en talons hauts ou pieds nus, et qui dès l'ouverture du film nous subjugue quand elle porte à boire au père et ses fils creusant un énième trou, s'asseyant au bord du talus pour que son décolleté baille sous l'impulsion d'une poitrine inoubliable, s'imprime immédiatement sur la rétine et dans la mémoire. Anthony Mann aura su la filmer, tout au long du film, de telle façon qu'on ne voie qu'elle, qui n'était pourtant pas une si grande actrice - encore que le cinéaste sut bel et bien tirer le meilleur d'elle - mais qui capture ici l'objectif par sa beauté et par l'électricité qui circule autour d'elle parmi tous ces hommes qui l'admirent.







Tina Louise est le cœur, ou devrais-je dire le poumon, de la plus belle scène du film, d'un érotisme tétanisant, trempée par une moiteur sudiste qui rappelle le Baby Doll de Kazan, Soudain l'été dernier de Mankiewicz ou La Chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks. Griselda sort en pleine nuit pour s'humidifier le visage et la poitrine à une pompe d'eau dans la cour de la maison, observée par un Aldo Ray tirant sur sa cigarette dans l'ombre avant d'aller croiser la trajectoire de la jeune femme. Les amants interdits se retrouvent à l'angle obscur de la maison quand Aldo serre la main de Tina dans la sienne, serrée contre le tissu tiré de sa robe de nuit blanche. Puis Griselda résiste, elle s'éloigne, regarde Will Thomson, scrute son torse luisant dans la sueur de la nuit, la bouche ouverte. Sa bouche s'ouvre en même temps qu'a lieu le deuxième fondu enchaîné sur le torse viril et humide d'Aldo Ray. Il s'approche d'elle, d'elle et de ses seins gonflés par le désir et la chaleur ambiante, pour la serrer dans ses bras, la tête dans ces seins-là. C'est lui qui est en bas et qui essaie de retenir Griselda, debout sur les marches du perron, avant que le geste ne s'inverse dans l'usine, quand c'est elle qui tentera de retenir Will grimpant à l'échelle vers une mort certaine. Mais pour l'heure l'étreinte est toute autre, l'attirance irrésistible des corps vaut pour toutes les scènes d'amour du monde et contient plus de passion et de sensualité qu'on ne saurait en rêver. Et ces gestes sont noués par une série de fondus enchaînés magistralement dosés qui relient les deux êtres et les mêlent dans l'image. Les raccords transpirent de désir et accouplent cet homme et cette femme aux corps sublimes et détrempés qui brûlent de s'effacer l'un dans l'autre. Cette scène est un précipité sublime de l'érotisme distillé d'un bout à l'autre du film par un Anthony Mann plus érotomane que jamais, et reste comme le souvenir le plus urgent d'un grand et riche film dont elle n'est qu'un aspect parmi tant d'autres, mais pas des moindres.


Le Petit arpent du bon dieu d'Anthony Mann avec Robert Ryan, Tina Louise, Aldo Ray, Helen Westcott, Vic Morrow, Fay Spain, Jack Lord et Buddy Hackett (1958)

Dans la maison

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Il a osé n'aime pas Ozon et ce dernier ne fait rien pour que ça change. Franchement, Il a osé n'aime vraiment pas Ozon, on vous le répète. François, si tu nous lis, nous n'aimons pas ton travail. On dit "travail" mais dans ton cas c'est plutôt un job d'été qui s'éternise depuis trop longtemps. Il y a toujours une pointe de curiosité avant de lancer le dernier téléfilm d'Ozon, un début de pitch, un acteur, une actrice, une anecdote, une situation, une affiche, un titre, bref il y a toujours une mini étincelle qui nous mène droit dans le mur et qui nous fusille une soirée à bout portant. On le sait et pourtant il y a encore et toujours ce je-ne-sais-quoi qui nous décide à lancer le dernier feuilleton de la saga Ozon. Ceci dit on devrait parler au passé parce que là c'était la der des der. On ne nous y reprendra plus. C'est ce qu'on a juré à notre voisine quand on a abattu la cloison mitoyenne de nos deux appartements à l'aide de notre télévision à tube cathodique et à écran bombé, télévision aussi légère que notre humour mais aussi fracassante que notre rage dès qu'on aborde le cas Ozon. Une célèbre chanson s'intitule "Antisocial, tu perds ton sang froid", en l'occurrence "Francis Ozon tu nous fais perdre notre sang froid et tu nous dois une caution !".




On a comparé Dans la maisonà un Pasolini. Un critique sans discernement a comparé noir sur blanc le dernier Ozon au Théorème de Pasolini (A²+B²=C²). Beaucoup d'autres ont applaudi des deux mains cet épisode de L'Instit avec Fabulous Fab Luchini à la place de Gérard Klein. Faute de grives on trique sur de la pure merde. Ok y'a une idée là-dedans. L'idée du film c'est que le scénario s'écrit sous nos yeux, et que c'est un lycéen doué en français qui nous le pond. C'est l'idée du film et c'est aussi son problème, car il est de fait écrit par un pigeon. Ozon ayant concocté un script inepte, il a eu la chic ingéniosité de le prétendre improvisé par un gamin pour se dédouaner par avance. Mais comme il n'est pas non plus modeste, il fait dire au personnage du prof joué par Luchini que cette histoire est à se taper le cul par terre, s'envoyant un gros bouquet de fleur en recommandé à domicile. Ozon est de toute évidence très fier de lui, de son petit bijou machiavélique, de son film qui est à Hitchcock ce que Camel Meriem est à Zizou, c'est-à-dire un gros pet qui n'a même pas d'odeur (donc pas d'âme).




Plusieurs scènes nous ont choqués. D'abord celle où la tronche de Luchini surgit entre deux fauteuils dans la chambre d'un des adulescents du film, au milieu d'une séance de seigue commune, une séquence inédite et surprenante d'entre-branlage (on a beaucoup parlé de "voyeurisme" pour qualifier cette œuvre, mais à ce niveau-là c'est pathologique) entre le petit héros et son camarade de classe campé par le fils caché de Ségolène Royal (ce qui explique sa ressemblance avec François Hollande) et du comique Bouder (pour sa tronche fondue façon raclette à l'acide chlorhydrique - ce type de tronche qui nous fait penser qu'il y a sans doute quelqu'un tout là-haut, adepte de l'humour des Monty Python, qui nous fait des blagues). Autre moment décourageant, antérieur dans le film, mais tourné a posteriori lors du tournage (il y a donc une logique qui régit notre critique), la séquence d'exposition qui nous présente la vie d'un lycée à coups d'avances rapide, digne du générique de l'émission Giga Giga présentée par Manu Gélin : c'est horrible. En réalité l’œuvre entière nous a choqués et nous a bousculés sur le fondement de notre cinéphilie. Pour la première fois il nous faut avouer que l'on a pris la décision que le cinéma occuperait une place moins importante dans notre vie, et que ce serait irrévocable. Plus de films lancés au petit déj, plus de séance de minuit qui dure jusqu'à minuit du jour d'après, plus de session saga Le Parrain, Alien VS Predator, L'Arme fatale ou Leprechaun.




Nous voulons consacrer ces dernières lignes au cas Kristin Scott Thomas, qui toujours nous dérange beaucoup. Devant Partir, on a failli partir à cause d'elle. Devant Cherchez Hortense, on a failli partir chercher la première Hortense venue, pour mieux la perdre de vue. Dans Le Patient anglais, elle nous a fait perdre toute patience envers les anglais. Dans Ne le dis à personne, elle nous a donné envie de hurler au monde entier "ta race maudite !". Dans L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, elle nous a filé le désir de porter des oeillères et de la finir en viande hachée, parce qu'on achève bien les chevaux. Dans Deux sistas pour un gangsta, on ne l'a même pas remarquée car on avait les yeux rivés sur la chute de reins d'Eric Bana (putain de gars...). Dans Dans la maison elle joue l'épouse de Luchini et franchement, autant de haine devant un écran, nous n'avions pas ressenti ça depuis le discours de Grenoble de Sarkozy. Finalement, ce discours de Grenoble, c'était pas si con ! L'idée de déchoir de la nationalité française quelqu'un qui a fait trop de mal au pays, ça se médite, et ça pourrait s'appliquer à cette femme sans patrie qu'est Scott Thomas, qui n'a jamais réussi à se débarrasser de cet accent de chiotte et de cette voix éraillée qui a le don de brancher nos coeurs sous tension et de faire surgir en nous le Malin.


Dans la maison de François Ozon avec Fabrice Luchini et Kristin Scott Thomas (2012)

Antiviral

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Film de fils. Dans tous les sens du terme. On dit que "la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre". Dans le cas de Brandon, fiston Cronenberg, la pomme n'est même jamais tombée, elle a littéralement pourri sur sa branche, elle a cramé collée au tronc. Antiviral est un film froid, théorique, contrôlé, qui planche sur la question du corps, de la contamination de la chair, de la réduplication des cellules, de la corruption des tissus, bref, sur la détérioration plus ou moins volontaire de l'enveloppe physique. Les thèmes et une bonne partie de l'esthétique chers à "Crony" père sont au principe même du premier film de "Crony" fils, aka Grany Smith. Tel père tel fils. Si bon chien chasse de race, les clebs ne font pas des greffes. Bon sang ne saurait mentir mais grande chère, petit testament… Qui plus haut monte de plus haut chiet. A père avare, fils prodigue, sauf que toujours le vin sent son terroir. Plus d'un âne à la foire s'appelle Martin et les mauvaises langues diraient même qu'on reconnaît l'arbre à son fruit, surtout si le ver est dans la pomme. Une chose est sûre : c'est un vilain oiseau que celui qui chie dans son nid. Brandon règle son pas sur le pas de son père et se fait un croque-en-jambe tout seul : il se vautre à mort et son film ne vaut pas cher, pour être plus clair.




Film de petit malin qui croit faire dans l'anticipation visionnaire en prenant un fait de société connu pour le pousser à peine plus loin que le bout de son nez : dans le monde dépeint par la fiction, les gens se font injecter les virus de leurs stars de pacotille préféréespuis collectionnent ces maladies de rêve. Et Brandon espère nous laisser méditer là-dessus comme des malades après nous avoir pompeusement gonflés avec ses personnages ineptes, ses fonds blancs aveuglants et son ambiance aseptisée. Les amateurs de films à thèse et de scénarios à double-fond d'une profondeur à rester tétanisé y trouveront peut-être leur compte. On pense à Sleeping Beauty, à Canine et à tout un tas d'autres pensums esthétisants écrits par des cerveaux en sous-régime mais déjà en surchauffe qui non contents de prendre leurs vessies pour des lanternes se gargarisent de pisser dans un violon.


Antiviral de Brandon Cronenberg avec Caleb Landry Jones (2013)

Le Monde fantastique d'Oz

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Le Monde fantastique d'Oz est un film pour enfants. Mais des enfants qui seraient d'accord pour se faire chier comme des rats morts pendant plus de 2 heures. Bâti sur une histoire d'une simplicité confondante pour que, justement, le jeune public auquel il est destiné puisse le suivre sans problème, ce film moribond et très laid est porté à bout de bras par James Franco. Or, l'acteur dispose ici du charisme d'un poulet de batterie et de petits bras de T-rex dont la fonction n'était sûrement pas de porter des objets lourds. Ce n'est pas ce genre d'acteur de troisième zone qui peut faire sortir le film de son carcan insipide et froid. Médiocre prestidigitateur sur Terre, James Franco arrive par enchantement dans le pays d'Oz, où il se fait passer pour le Magicien qui, selon la prophétie, doit bouter la méchante sorcière (Rachel Weisz) pour faire à nouveau régner le bonheur. Belle perspective.




De son côté, cette méchante sorcière cache son jeu et sème la terreur tandis que MC Solaar récolte le tempo. Elle est à la tête d'une redoutable troupe de babouins volants armée jusqu'aux dents. Et alors que ces sales bêtes causent panique et désolation, James Franco se laisse attendrir par la détresse des si gentils habitants d'Oz et par les formes "généreuses" de Michelle Williams (preuve qu'il doit s'acheter de nouvelles lentilles de contact). Sentant que ses seules qualités physiques ne lui permettront pas de conclure, il décide d'arrêter d'être un pleutre et de prendre les choses en main. Grâce à sa passion pour Thomas Edison et Alfred Nobel, il arrive à fabriquer tout un tas de petits gadgets inoffensifs mais fort impressionnants (feux d'artifice, bâtons de dynamite et illusions d'optique). En effet, à cause d'une promesse débile faite à Michelle Williams en échange d'un contact rapproché avec ses tétons, James Franco s'est interdit de buter ses ennemis, il peut simplement leur foutre les jetons (référence appuyée à Terminator 2). Cela concerne aussi les féroces babouins volants qui, de leur côté, n'éprouvent aucune sorte de pitié pour qui que ce soit et tuent à tour de bras. Pensez-y : des centaines de babouins volants, avec leurs gros culs rouges et leurs dents acérées. Ils sont l'un des fléaux visuels de ce film hideux.




James Franco, qui jusque-là passait pour un escroc à la petite semaine, sort donc le grand jeu et démontre une bonté d'âme qu'on ne lui soupçonnait pas... Grâce à son stratagème "son et lumière" digne des plus grands spectacles du Puy du Fou, il parviendra à faire fuir la méchante sorcière ("jusqu'à ce qu'elle revienne", précise-t-il, dans le but d'annoncer une éventuelle suite à ce film en contreplaqué) et à rétablir la joie et la paix dans le monde fantastique d'Oz. D'un point de vue personnel, il s'emballe Michelle Williams, et c'est tout ce qui semble compter pour lui. De notre point de vue, c'est une catastrophe. Et les autres acteurs ne sauvent pas les meubles. Michelle Williams, par exemple, incarne une gentille sorcière, toute de blanc vêtue, maquillée à la truelle pour être rajeunie de 20 ans : c'est très laid, on dirait Loana immortalisée par un paparazzi manchot suite à une nouvelle tentative de suicide, mais ça semble fortement plaire à James Franco. Rachel Weisz et Mila Kunis, quant à elles, campent deux soeurs probablement pas du même père ni de la même mère, sans aucun panache. Elles complètent le fade trio de sorcières que l'on peut croiser dans le monde d'Oz. Sam Raimi, le réalisateur de cette saloperie qui a laissé tout son talent dans un magasin Prix-Bas en 1992, essaie un temps de nous faire douter de l'identité de la sorcière méchante, mais même un enfant de 4 ans avec de la merde dans les yeux aura tôt fait de deviner qu'il s'agit de Rachel Weisz.




Les rares satisfactions de ce désastre sont quelques seconds rôles joués par des acteurs vétérans, comme par exemple le rôle de Knuck, un nain black grincheux et agressif, joué par le trop rare Tony Cox (l'inoubliable Shonté dans Fous d'Irène). En fait, il n'y a que lui. Un nain black caustique est donc l'unique highlight de ce blockbuster au budget dépassant les 250 millions de dollars. Sam Raimi, considéré comme un réalisateur de la A-list, l'homme qui peut lever tout l'argent qu'il veut pour faire un film intimiste ou ambitieux et en avoir l'entier contrôle artistique, poursuit donc sa mutation complète en une enflure XXL. 


Le Monde fantastique d'Oz de Sam Raimi avec James Franco, Rachel Weisz, Michelle Williams, Mila Kunis et Tony Cox (2013)

Paradis perdu

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Au début de Paradis perdu, on craint d'être parti pour endurer un énième premier film d'auteur, dont la réalisatrice viendrait à peine de sortir d'une école de cinéma section "scénario" (Ève Deboise sort effectivement de la Fémis) et aurait décidé de concrétiser son projet de fin d'étude pour nous raconter l'histoire sans doute plus ou moins autobiographique d'une millionième adolescente aux parents relativement pauvres, divorcés et malheureux, bien décidée à devenir une femme malgré tout, sous le regard sincère et maladroit d'une caméra lourdement influencée par celle des frères Dardenne elle-même sous influence pialesque. Dans un scénario sous-narratif mais surplombant tout-à-fait typique, affichant d'emblée la volonté de distiller ses ressorts scène après scène, sans l'appui des dialogues mais par petites touches observatrices, on commence en effet par suivre Lucie, une jeune fille en pleine sortie d'adolescence, charmante mais mal fagotée, qui aide son bon père bourru au travail et qui ne va plus au lycée depuis que sa mère les a quittés pour un autre homme. Son entre-jambe l'intrigue, sa condition ne la satisfait guère, ses relations avec son père sont un poil ambigües, l'ouvrier arabe et sans-papier de ce dernier (Ouassini Embarek) l'attire vaguement, et elle patauge dans la merde (c'est à peine une image…) d'un air rêveur, entre deux caravanes, en attendant qu'il se passe quelque chose dans ce petit microcosme campagnard, marquée à la culotte par une caméra portée qui filme ses mains, ses pieds, ses gestes coupés dans leur élan et raccordés à d'autres semblables ou à ceux de son père, et qui capte parfois un regard plein d'humanité. En somme l'héroïne du film est une fille de Rosetta, et Dieu sait que ce n'est pas la première d'une lignée longue comme le bras dont on ne pleurerait pas s'il elle s'avérait en être la dernière.




Mais la réalisatrice du film se tire à peu près de ce pur traquenard par trois moyens qui méritent d'être relevés. D'abord les acteurs. L'héroïne est incarnée par Pauline Etienne, très jeune, très belle et surtout très bonne actrice, actuellement à l'affiche de La Religieuse, qu'on a déjà pu apprécier dans Le bel âge aux côtés de Michel Piccoli et qui porte absolument le film. Son père est interprété par l'impeccable Olivier Rabourdin, trop souvent cantonné dans des seconds rôles qu'il sait rendre intéressants mais qui mériterait mieux. On le voit ici donner corps et vie à un personnage de père blessé et entêté plus vrai que nature, et il faut le voir dans la séquence de l'anniversaire, où il est totalement ivre et enlace sa fille comme si c'était sa femme. Et puis Florence Thomassin, qui joue la mère, et qui joue un peu moins mal que d'habitude, même si c'est pas la panacée. L'avantage c'est qu'elle passe la majeure partie du film enfermée.




Et c'est là le deuxième élément partiellement salvateur du film : quand la mère revient au foyer pour voir sa fille, le père, de peur qu'elle ne s'installe à nouveau ou ne pervertisse sa gamine, décide de l'enfermer dans une petite remise perdue dans la campagne, et de l'y laisser jusqu'à nouvel ordre. Cet élément de l'histoire surprend assez, d'autant qu'il donne à ce film d'abord si platement naturaliste une dimension de conte inquiétant, et s'étire sur presque tout le film pour donner lieu à une séquence particulièrement intéressante en termes de mise en scène. Par quoi l'on arrive au dernier point positif de Paradis perdu. Quand Lucie découvre que sa mère est séquestrée, elle part la délivrer en pleine nuit, profitant de ce que le père est saoul et endormi, mais avant de libérer la prisonnière sa fille veut lui poser quelques questions sur son départ, et la réalisatrice parvient assez élégamment à mettre en espace les personnages : les deux femmes se regardent à travers une minuscule lucarne qui tient presque lieu de miroir (la fille arborant à ce moment-là une jolie robe et le rouge à lèvres de sa mère), ou de gouffre aux chimères. 




Plus globalement, cette séquence est soulevée par les plans de nuit où l'héroïne parcourt la forêt, lieu de transfert de tous les contes, dont les minuscules petites feuilles et brindilles miroitent sous la lueur de la lune (à laquelle l'ouvrier du père avait justement comparé le visage de Lucie). Celle-ci affiche d'ailleurs un air lunaire, radieux et enchanté quand, à l'aube, après avoir fait l'amour pour la première fois, elle redescend d'une colline en arborant un sourire préfigurant celui, immense, qu'elle affichera en courant loin de la maison familiale calcinée, paradis fièrement perdu, dans le dernier plan. Ces petites choses font de ce film, qui avait pourtant tout pour ressembler à tant d'autres et qui a eu la sale idée de s'ouvrir en s'enfermant dans un système de clichés thématiques et esthétiques asphyxiant, une œuvre plutôt prometteuse. D'autant plus prometteuse si Ève Deboise s'écarte à l'avenir des sentiers battus du scénario d'école réaliste et misérabiliste pour se laisser dériver vers l'univers plus enchanteur du conte, et filme les visage de ses acteurs, vivants et énergiques, plutôt que des gestes planifiés dans une série de plans explicatifs, démonstratifs, utilitaires.


Paradis perdu d’Ève Deboise avec Pauline Etienne, Olivier Rabourdin, Florence Thomassin et Ouassini Embarek (2012)

Predator

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John McTiernan part en cabane aujourd'hui et c'est l'occasion pour nous de vous parler du chemin parcouru pour arriver à collaborer au quotidien. On vous a dit qu'on s'était bastonné sur le terme "film d'horreur" à l'occasion de la rédaction de notre dossier consacré au genre, mais sachez qu'il y a une baston à l'origine de la plupart de nos papiers et qu'il y en a une grosse à la base même de la création de ce blog. Un après-midi de chien lambda de novembre 2005, vos deux serviteurs participaient par écrans interposés à un jeu en ligne consistant à se faire deviner des films par de simples images. Quand l'un d'entre nous a posté une photo de Predator, on en est rapidement venu à se prendre la tronche sur ce film sur un forum communautaire duquel nous avons ensuite été bannis. N'ayant plus d'espace de conversation pour poursuivre notre échauffourée après ce coup de pied au cul virtuel irrémédiable, nous nous sommes "ajoutés" sur MSN pour continuer à s'insulter. L'un soutenait mordicus que Predatorétait un fameux film, l'autre le considérait comme un film d'action bas du front, et trois ans plus tard, en 2008, après déjà deux ans de colocation, on créait ce blog. C'est en somme grâce au film de John McT - que nous n'avons pas revu depuis mais que l'un d'entre nous a tout de même acheté en dvd - que nous sommes là. C'est grâce à ce film sur lequel nous n'avons rien à dire que nous vous le disons quand même ! Grâce à John McTiernan.


Predator de John McTiernan avec Arnold Schwarzenegger (1987)

Astérix et Obélix au service de Sa Majesté

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Ce film-là, on ne peut pas l'aborder frontalement. On est obligé de le prendre à rebours, par des chemins de traverse, de choisir des angles précis. S'attaquer à la mise en scène, au scénario, aux décors ou aux effets spéciaux serait trop long, ou trop rapide. Mais les acteurs... Plusieurs questions se posent, presque toutes restent en suspens. Nous sommes, avouons-le, un peu perdus et désemparés après la projection privée de ce film, et avons bien du mal à coucher tout ça sur le papier. D'abord, il faut savoir que cet épisode d'Astérix pâtit cruellement de l'absence de Christian Clavier dans le rôle titre (ça, c'est juste pour qu'on soit les seuls à l'avoir dit, on n'en pense pas un traître mot). Du côté des personnages, Panoramix manque également à l'appel, élément central de la BD il est ici condamné au hors-champ. Qu'on nous enlève le chef du village, qu'on nous prive du barde, qu'on nous supprime le poissonnier, mais pas Panoramix ! C'est l'âme de l’œuvre d'Uderzo et Goscinny. C'est la raison d'être des aventures d'Astérix & Obélix. Alors pourquoi ?... Peut-être à cause d'une malédiction qui plane sur ce rôle depuis la première adaptation de la bande dessinée. Tous les acteurs qui ont prêté leurs traits fatigués au célèbre druide sont aujourd'hui six pieds sous terre, du pourtant fringuant Sim au tonitruant Claude Piéplu en passant par l'unique et inimitable Smaïn : toutes ces personnalités sont mortes, terrassées par leur rôle. Jouer dans cette saga semble épuisant pour les nerfs. Il faut voir la tronche que tire Edouard Baer, d'ordinaire pétaradant. Il est aveuglé par un maigre filet de lumière dans les scènes en extérieur, affichant l'air du déterré qui n'a pas pioncé de la semaine, ou du sniffeur de coke qui voit la vie en noir de chez noir. Il faut voir aussi l'allure fatiguée de Fabrice Luchini, qui paraît avoir 10 ans de plus, même s'il nous offre le meilleur César ever, malgré sa performance minable. 




Ça fait tellement de temps qu'on attendait de voir Edouard Baer en Astérix... On en était tout fébriles ! A ce propos, saviez-vous qu'Edouard Baer est le seul acteur de la célèbre saga à avoir interprété deux rôles distincts ? Il était déjà Otis dans le second épisode, le chef d’œuvre oxydé de Chabat. Hélas, nous sommes extrêmement déçus par le traitement réservé au personnage d'Astérix dans ce nouvel opus. Cœur de la BD, véritable poumon des travaux dessinés d'Uderzo, il est ici réduit à une espèce de pervers sexuel qui ne pense qu'à se vider les bourses dans la première anglosaxone venue. Dolores Chaplin doit d'abord faire face à ses avances, puis c'est au tour de la pâle Charlotte Le Bon d'être assaillie par une drôle de teub auréolée d'une moustache blonde remplie d'irréductibles morpions gaulois. Edouard Baer n'a pas l'air dans le coup. Il joue comme s'il était en état d'arrestation pour détention de stupéfiants de classe A. Pourquoi n'ont-ils pas pris un vrai nain pour faire Astérix ? Mimi Mathy était dispo, et pas besoin de la teindre ! Warwick Davis, l'éternel Willow, l'inoubliable Leprechaun, a également un agenda 2012-2013 vierge de toute espèce d'annotation, il était dispo... 




Petit tour d'horizon du cas Depardieu. Son nez ressemble à un vié fatigué, dans un sens comme dans l'autre. Soit l'on y voit deux couilles énormes et glabres surmontées d'une verge qui s'épanouit au milieu de son front et se montre très satisfait d'être astiqué à chaque fois que l'acteur hausse les sourcils par à-coups. Soit, à l'inverse, on considère ses "narines" comme les deux sphères d'un gland de dinosaure à l'urètre bien dégagé, suspendu dans le vide, dans l'attente d'une nouvelle cible facile lui tournant le dos à la hâte. Une chose est sûre, l'acteur-star partie dans le froid fout vraiment mal à l'aise. 




Un petit mot sur Gillaume Gallienne, qu'on nous avait présenté comme la seule satisfaction de ce ratage total, comme la dynamite humaine de ce film mort-né, comme le vent de fraîcheur soufflant sur le cinéma français. Il est aussi enjoué que tout le reste du cast, c'est à dire qu'il donne l'impression que sa carte bleue a été piratée et qu'on a effectué un retrait en Roumanie d'un million d'euros sur son compte courant et que l'on a vidé son PEL sans préavis. Gallienne, sociétaire de la Comédie Française, participe activement à l'enculage de la bonne humeur et du moral du spectateur. On a juste envie de lui foutre un énorme coup de pied au cul. En parlant de cul, celui de Charlotte Le Bon a visiblement tapé dans l’œil de Laurent Tirard, le pur nullard aux manettes de ce fiasco, désormais expert dans l'adaptation des œuvres de Goscinny (il avait déjà réalisé Le Petit Nicolas), au grand dam de ce dernier, qui danse le smurf non-stop dans sa tombe au Père Lachaise. 




Autre interrogation sur le casting : pourquoi n'ont-ils pas mis un vrai black à la vigie du bateau de pirates ? Certes Mouss Diouf est mort et Giant Coucou aussi, mais il restait Omar Sy (seul bémol, de taille toutefois, rajouter un million de dollars de budget au film pour l'entendre rire, et un million pour embaucher Fred, car Omar ne tourne jamais un film sans son acolyte sur le plateau, ou au moins en coulisses), Fabrice Eboué (mais pas assez noir à notre goût), Alex Descas (mais c'est pas tout à fait le genre), et Pascal Légitimus (qui a toutefois pâli avec l'âge). Bref, en fin de compte on comprend. Dans le même ordre d'idée, pourquoi est-ce que l'immigré qu'ils raccompagnent à la frontière est un blanc couvert de cirage et non un vrai black ? Là encore, on ne sait pas. Ceci dit on n'y perd pas totalement au change : seul rayon de soleil dans ce foutoir ignoble, le dénommé Atmen Kelif, éternel fauteuil voltaire d'Edouard Baer, véritable faire-valoir de son maître, figurant à vie du cinéma français (à tel point qu'il n'est que trop rarement crédité et trop rarement payé pour son travail). Qui se souvient d'Atmen Kelif dans Mon Pote ? L'intermittent du spectacle militant est ici très bon dans le rôle du petit paki immigré à moustache, dont l'accent suffit à faire sourire lors de sa première apparition. C'est bien la seule fois que l'on a souri devant ce film, alors cela méritait d'être souligné.




On doit parler des BB Brunes, mais on aimerait plutôt leur faire la peau et leur couper les oreilles. Il n'y a bien que Depardieu qui semble réellement prendre son pied lors du concert final, mais rappelons que c'est très probablement du fait de son addiction connue, reconnue et avérée à la bibine et à tout ce qui relève du liquide fermenté. On termine le film par cette drôle d'image arrêtée où on le voit mimer avec ses poings diaboliques une double fellation surprise. L'acteur avait clairement la baraka. Mais les milliards que coûte cette seule performance improvisée de fin de tournage valaient-ils d'être brûlés ? Rappel du coût de ce film : 60 000 000€ soit $80 000 000, ce que la rédaction de ce blog gagnera en 600 siècles (on est deux rédac' chefs, et pas mal de secrétaires). Au box office, le film s'est écrasé lamentablement en réussissant à faire moins que tous les précédents opus. Sincèrement, on ne pense pas que la 3D sauve le film.




P.S. : Pas un mot sur Dany Boon, Gérard Jugnot ou Valérie Lemercier. Transformez ce silence en un immense mollard qui aurait son nom dans le Guiness Book et qui serait balargué avec un sourire (ce qui n'est pas évident à réaliser) dans la direction de ces êtres dépourvus d'âme depuis qu'ils l'ont vendue au diable. Enfin, quand même un petit mot sur Dany Boon, sachant que sa prestation, d'une durée totale de 10 minutes, et ponctuée en tout de trois lignes de dialogue, lui a été rétribuée la coquette somme de 600 000€...


Astérix et Obélix au service de Sa Majesté de Laurent Tirard avec Edouard Baer, Gérard Depardieu, Guillaume Gallienne, Fabrice Luchini, Charlotte Le Bon, Catherine Deneuve, Valérie Lemercier, Dany Boon, Atmen Kélif et d'autres zonards (2012)

The Swimmer

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En septembre de l'an passé les éditions Wild Side nous ont donné l'occasion de découvrir un film magnifique et important de 1968. Notre bon Simon a tout particulièrement aimé le film de Frank Perry et nous livre sa critique en direct de son smart-phone :

The Swimmer est longtemps resté méconnu, dans l’ombre des quelques films considérés comme les fers de lance du Nouvel Hollywood (Le Lauréat, Easy Rider…), avant lesquels il a pourtant été tourné. Grâce à une belle édition DVD chez Wild Side, le film devrait enfin retrouver le statut qu’il mérite auprès des cinéphiles français : celui d’un chef-d’œuvre d’une liberté et d’une audace narrative et esthétique folles, annonciateur de la parenthèse enchantée d’une quinzaine d’années que va traverser le cinéma américain. Le film brille d’abord par l’originalité de son postulat de départ, adapté d’un roman de John Cheever : un été, dans un quartier résidentiel campagnard et huppé du Connecticut, un homme à moitié nu décide de « rentrer chez lui » en passant par les différentes piscines du voisinage, cet enchaînement de piscines qu’il voit comme une rivière, qu’il nomme Lucinda, du prénom de sa femme. He’s swimming home. Il faut voir ce prologue : des branchages, des feuillages, des animaux sauvages saisis à la volée, par des petits plans rapides ou en travelling. Et tout à coup Burt Lancaster, alors âgé de 53 ans, corps musculeux et cramé de soleil, vêtu de son petit caleçon de bain, qui marche rapidement dans ces sous-bois, filmé de dos, arrive dans un premier jardin et plonge dans cette première piscine. On ne sait absolument pas d’où il arrive, d’où il sort, ça pourrait être du bois lui-même, de la terre. Le mystère et la puissance qui se dégagent de cette première scène ne nous lâcheront plus jamais.




Car si aucune explication psychologique du projet de Ned Merrill ne nous est donnée au départ, ce trajet de jardin en jardin, de piscine en piscine, raconté comme un véritable road-movie (comme souligné dans le très bon livre de Bernard Benoliel et Jean-Baptiste Thoret sorti l’an dernier, Road-Movie USA), n’est autre qu’un voyage vertigineux dans le passé d’un homme. Au fil de ce voyage, au gré des rencontres ou des retrouvailles, on comprend que Ned revient dans le quartier après une longue absence. On comprend vite aussi, par quelques allusions dans les dialogues, qu’il refoule quelque chose, lié à sa famille, sa femme et ses deux filles. Si les premiers voisins rencontrés semblent tiquer mais font la sourde oreille, préférant accueillir Ned avec ferveur, chaque nouvelle séquence mettra en lumière de façon plus claire les profondes failles intérieures du personnage, et chaque nouvelle rencontre sera moins chaleureuse, et plus impitoyable pour Ned. L’enthousiasme factice du début culmine dans sa rencontre à la fois sensuelle et malsaine avec l'ancienne baby-sitter de ses filles, qui a bien grandi, et cette incroyable scène où ils courent tous deux sur un parcours d’obstacles équestre, filmés au ralenti (et qui m’a rappelé la scène d’enthousiasme enneigé à la fois sublime et ridicule de Ryan O’Neill et William Holden, dans le beau Deux hommes dans l’ouest de Blake Edwards). A la fin de cette scène, après avoir sauté un obstacle, Ned se blesse au genou. C’est le début de sa chute. Tout à coup son âge le rattrape, et le corps et le visage d'un extraordinaire Lancaster, à la fois toniques et fragiles, musculeux et ridés, sont les véhicules idéaux de cette impression, comme étaient idéaux le corps et la tronche cassée et refaite de Stallone dans Rocky Balboa. Désormais Ned boîtera, sa grande silhouette se voûtera imperceptiblement, il se mettra à frissonner de froid... Sa belle détermination est érodée et son utopie se désagrège lentement, peut-être est-il déjà en train de mourir ?




Car le film est aussi la critique acerbe d’un certain mode de vie américain, qui avait connu son apogée dans les années 50, un mode de vie centré sur la consommation à outrance et des codes moraux hypocrites, et désormais en perdition. La trajectoire de Ned en est une parabole, mais Frank Perry inclut aussi dans le film des scènes ouvertement outrancières, où des personnages bourgeois festoient bruyamment en mangeant du caviar à la cuillère, où une population plus modeste s’entasse dans une piscine sur-chlorée, dans laquelle Ned se fraye un chemin après s’être fait humilier par le guichetier à l’entrée, qui l’oblige plusieurs fois à nettoyer ses pieds sales et blessés… Cet aspect satirique est bien présent, mais ne prend pas le dessus sur l’essentiel : le portrait d’un homme et de sa chute. Si, pendant une grosse heure, le film impressionne et réjouit par la singularité de son dispositif, par son audace et ses innombrables qualités formelles, en bout de course il bouleverse. D’abord avec cette scène où Ned retrouve son ancienne maîtresse (celle-là même dont il ne se rappelait plus l’existence lorsque, au début du film, il récapitulait à haute voix le trajet qui allait le mener chez lui). La confrontation met en lumière la complexité de leur relation passée, la façon dont elle a souffert par sa faute, comme c’est maintenant lui qui a besoin d’elle, qui a besoin de quelqu’un. Une séquence cruelle et déchirante qui, apprend-on dans le très bon bonus du DVD par le sus-cité Jean-Baptiste Thoret, a été tournée par… Sydney Pollack, suite au départ de Franck Perry pour divergences avec la production. Et chose plus étonnante : c’est Barbara Loden qui jouait initialement le personnage de la maîtresse, avant que Lancaster exige de retourner la scène, car Loden était trop puissante et trop magnétique à son goût. Pollack retourna donc la scène avec la belle Janice Rule, qui est très bien aussi.




Puis l’émotion suscitée par le film culmine avec cette dernière scène, que je ne raconterai pas ici pour ceux qui voudront découvrir le film, mais où Perry, sans mots mais avec sa seule caméra, traduit de façon admirable l’état mental d’un personnage qui se sera révélé et littéralement transformé sous nos yeux, au fil de son voyage : d’abord pure figure, à la fois puissante, décidée et mystérieuse, il (re)-devient cet homme brisé par le chagrin et sombrant dans la folie. Une dernière scène incroyablement puissante, à l’image de ce film tout entier, un film réellement important que tout amateur du cinéma américain des années 60-70 doit voir d’urgence.


The Swimmer de Frank Perry avec Burt Lancaster, Janet Landgard et Janice Rule (1968) 

Smashed

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Allez, je vous l'avoue d'emblée : je n'aurais sans doute jamais regardé ce film si Mary Elizabeth Winstead ne campait pas le rôle principal. Je préfère jouer cartes sur table ! Rassurez-vous, je n'ai sur mon disque dur aucun dossier caché consacré à quelques photos volées de l'actrice, ni rien d'autre de ce genre. Mais, simplement, le petit charme dont elle dispose est largement suffisant pour me motiver à passer 81 minutes devant un film dont elle est la force centripète, un soir où je n'ai pas la tête à m'envoyer une œuvre plus exigeante ou de qualité forcément supérieure. Il m'en faut peu ! Il n'y a pas de honte à avoir ni à se justifier... MEW m'est visuellement sympathique. Elle doit, sans le savoir, posséder ces proportions tant recherchées et convoitées, celles qui annoncent une fitness maximale. D'instinct, son corps appelle à pratiquer l'acte sexuel, avec l'assurance d'un grand succès reproducteur. Cette jeune fille a exactement mon âge. Et c'est peut-être notre seul point commun... Je ne suis pas le seul à être sous son charme. Mon frère Poulpard, aka Brain Damage, l'est aussi. Quand je lui ai demandé de m'expliquer pourquoi cette jeune femme au faciès agréable mais ma foi assez quelconque avait ce pouvoir sur nous, il m'a simplement répondu "Elle sent la queue". Sur ce, je me sens obligé de passer au paragraphe suivant.




Toujours habillée comme un sac, without makeup, la starlette apparaît ici sans artifice, comme si on l'avait tirée de force de son plumard avant chaque prise. On est loin de sa tenue affriolante de cheerleader dans le Death Proof de Quentin Tarantino. Avec Smashed, la jeune actrice passe un test bien connu de l'actorat américain, un test récemment carbonisé par Denzel Washington dans Flight : celui consistant à jouer le rôle d'un alcolo qui essaie d'abandonner son addiction à la bouteille. C'est donc l'occasion pour la brunette de faire ses preuves, elle qui n'a jamais été véritablement amenée à devoir démontrer ses supposés talents d'actrice et qui s'est le plus souvent appuyée sur son joli minois. Le verdict est étonnant, car il faut bien reconnaître que Mary Elizabeth Winstead s'en tire avec les honneurs et les félicitations de mon pubis, évitant toujours d'en faire trop, faisant réellement vivre son personnage et, surtout, s'extirpant avec la grâce d'une funambule des scènes les plus risquées, c'est-à-dire toutes celles où elle débloque complètement, sous l'emprise de l'alcool, allant jusqu'à faire pipi dans une supérette.




Pour la première fois de sa carrière, la jeune femme joue une scène de coït. Mais elle y garde malheureusement tous ses habits. On se souviendra donc plutôt de cette scène où l'actrice doit faire face au terrible aveu d'un alcoolique anonyme devenu son ami, mais également tombé sous son charme. Ce dernier reconnaît d'abord avec une belle sincérité les sentiments qu'il éprouve pour elle, et termine ce qui commençait comme une déclaration d'amour tout à fait digne par un affreux "J'aimerais goûter à ton onctueuse chatte". Ce dialogue totalement inattendu m'a rappelé le meilleur moment du par ailleurs très pénible Hesher, celui où Natalie Portman doit faire face aux vulgarités de Joseph Gordon-Levitt. Comme Natalie Portman, MEW fait partie de ces jeunes et mignonnes actrices qu'on a envie de voir secouées par quelques horreurs incongrues qui contrastent avec la douceur et l'apparente innocence de leurs traits juvéniles.




Mary Elizabeth Winstead est donc la grande attraction de Smashed, et pratiquement son unique intérêt. Reconnaissons tout de même au jeune James Ponsoldt, qui signait seulement là son second long métrage, une certaine habileté : ce réalisateur a une réelle capacité à nous dépeindre les caractères de ses personnages, les liens qui les unissent ou les tensions qui les éloignent progressivement, en quelques traits, sans jamais tomber dans les lourdeurs qui sont trop souvent de mise dans le cinéma indé américain actuel. La relation de MEW avec son boyfriend est ainsi adroitement brossée, sans surlignage inutile. Smashed reste cousu de fil blanc et je ne le conseillerais pas vraiment, mais il faut bien lui reconnaître ces modestes qualités. Elles en font un film indé tout à fait matable, dont je peux comprendre qu'il ait su se faire remarquer, et dont on se demande bien pourquoi il n'a pas eu l'honneur de sortir sur nos écrans.


Smashed de James Ponsoldt avec Mary Elizabeth Winstead et quelques figurants (2013)

Howl

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On se disait, en matant cette affiche, qu'Adolf Hitler, qui a flingué la mode de la so-called "Hitler's moustache", aussi appelée "Hitlerstache", "1/3 moustache", ou, plus pragmatique, "le timbre poste à mokos", aurait dû aussi s'affubler de lunettes à grosses montures noires, d'un bonnet phrygien en mohair des 70's et d'un trenchoat gris bleuté à carreaux. Ça nous aurait drôlement foutu la paix. Imaginez Hitler avec les lunettes d'Audrey Pulvar, il aurait eu l'air vraiment con mais au moins on n'aurait pas à les endurer à chaque apparition de l'épouvantail du paf...


Howl de Rob Epstein et Jeffrey Friedman avec James Franco (2012)

Le Récupérateur de cadavres

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Quand il était à la tête de l'unité consacrée aux films d'horreur des studios RKO, Val Lewton devait respecter trois grandes règles : le budget des films qu'il produisait ne devait pas dépasser les 150 000$, leur durée ne devait pas excéder les 75 minutes et leurs titres tape-à-l'oeil lui étaient toujours imposés par ses supérieurs. En dehors de cela, Val Lewton devait jouir d'une certaine liberté, de plus en plus grande au fil des succès, ce qui lui a permis de produire des petits joyaux du cinéma fantastique et d'épouvante au cours des années 40. La première production de Val Lewton fut La Féline, sortie en 1942 et réalisée par Jacques Tourneur. Ce film superbe, qui fut le plus gros succès du studio RKO cette année-là, lança sur de bons rails la carrière hollywoodienne du cinéaste d'origine française et marqua les débuts d'une fructueuse collaboration avec son ami producteur, Val Lewton, lequel l'invita à enchaîner l'année suivante, et avec une plus grande liberté, les tournages de Vaudou puis de L'Homme Léopard. Jacques Tourneur n'est pas le seul cinéaste de talent auquel Val Lewton sut donner un coup de pouce indispensable : il permit également à Robert Wise et Mark Robson de signer leurs premiers films. 




Toujours très étroitement impliqué dans les scénarios des films qu'il produisait, mais rarement crédité au générique pour cela, Val Lewton sut engendrer une filmographie cohérente, avec des thèmes et des motifs récurrents, des histoires en apparence simples mais très évocatrices, souvent magnifiées par des cinéastes doués, désireux de faire leurs preuves, et où l'horreur, toujours suggérée, vient systématiquement titiller l'imagination du spectateur de la plus noble des façons. Les titres des films produits par Lewton, souvent dignes des plus vilaines séries b, se voulaient facilement accrocheurs mais ils pouvaient en réalité cacher de vrais chefs d’œuvre du genre. Les films de Val Lewton sont donc pour la plupart très éloignés de la superficialité de leurs titres : on peut souvent questionner leur réelle appartenance au genre fantastique, les interpréter de différentes façons et il ne faut surtout pas espérer y retrouver ce qui fait le bonheur des amateurs de séries b ou z déviantes. Les films d'horreur RKO des années 40 rendent ainsi toute sa beauté à un genre trop souvent réduit à une simplicité et une pauvreté affligeantes, le condamnant logiquement à un léger mépris auprès de quelques critiques et cinéphiles.




Parmi ces films impulsés par le précieux Val Lewton, Le Récupérateur de Cadavres (en vo, The Body Snatcher, à ne pourtant pas rapprocher du roman de Jack Finney qui a inspiré le chef d’œuvre de Don Siegel et le brillant remake de Philip Kaufman) est sans aucun doute l'un des plus aboutis. Parfois présenté à tort comme la confrontation explosive de deux icônes du cinéma d'horreur, Boris Karloff et Bela Lugosi (ce dernier n'ayant pourtant qu'un rôle très secondaire, la réelle star étant Karloff), le film de Robert Wise est l'adaptation d'une nouvelle éponyme de Robert Louis Stevenson aux thématiques très proches du célèbre Dr Jekyll et Mister Hyde, inspirée des célèbres meurtriers Burke et Hare. Robert Wise nous plonge dans l'atmosphère lugubre de la ville d'Edimbourg du début du XIXème siècle, un étrange décor où il semble ne jamais faire jour, traversé d'ombres menaçantes et de carrosses fuyants. Nous y suivons les malheurs d'un professeur en chirurgie, le Dr MacFarlane (Henry Daniell), tourmenté par l'inquiétant Gray (Boris Karloff), un rustre cocher. Un pacte secret lie les deux hommes : le Dr MacFarlane a régulièrement besoin de cadavres de personnes fraîchement décédées pour approfondir sa connaissance du corps humain et donner des cours d'anatomie à ses étudiants, l'impressionnant Gray lui en fournit donc illégalement, en déterrant d'abord les tombes des cimetières puis en ayant recours à des méthodes beaucoup plus radicales...




Pour nous raconter ce petit conte morbide au final glaçant dont l'ambiance m'a joliment évoqué celle des meilleures nouvelles fantastiques de Maupassant, Robert Wise choisit un noir et blanc très contrasté du plus bel effet qui donne un cachet remarquable à son film. Ce dispositif formel lui permet de souligner très simplement l’ambiguïté de deux protagonistes aux multiples zones d’ombre, qui nous apparaîtront finalement comme deux facettes d'une même entité, vouée à s'autodétruire. Débarrassé de son maquillage, Boris Karloff garde une présence magnétique à l'écran. Les scènes les plus réussies du film sont celles où l'inquiétant cocher, qu'il incarne avec talent, intimide son alter ego, le docteur tiraillé par son éthique scientifique et un passé que l'on devine très trouble. Dans l'une de ces scènes, la plus marquante, un beau monologue sur les limites du pouvoir scientifique est prononcé de la bouche même de celui qui prêta définitivement ses traits grossiers à la créature de Frankenstein, le film semble alors directement faire écho aux deux chefs d’œuvre de James Whale. C'est grâce à ce rôle offert par Val Lewton sur un plateau que Boris Karloff fut enfin libéré de celui qui lui collait à la peau, et sa carrière put enfin trouver un second souffle. Pour Robert Wise, c'était les débuts d'une longue carrière, faite de nombreux succès et couverte des plus prestigieuses récompenses. Le Récupérateur de cadavres fait partie des quelques pépites que renferme son inégale filmographie, où tous les genres ont été visités avec brio par ce cinéaste talentueux et touche-à-tout.


Le Récupérateur de cadavres de Robert Wise avec Boris Karloff, Henry Daniell, Russell Wade, Rita Corday et Bela Lugosi (1945)
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